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L’Ukraine ferme les robinets du pétrole et du gaz russes, provoquant la colère de la Hongrie et de la Slovaquie

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cité par Pierre Alonso dans

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Le pétrole du géant russe Lukoil ne transite plus par le territoire ukrainien, en application de sanctions prises par Kiev. La Hongrie et la Slovaquie, les deux principaux destinataires, demandent à l’UE d’intervenir.

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Le Premier ministre hongrois Viktor Orban en visite inopinée à Kiev, rencontre avec le président Volodymyr Zelenskiy, 2 juillet 2024
Le Premier ministre hongrois Viktor Orban en visite inopinée à Kiev, rencontre avec le président Volodymyr Zelenskiy, 2 juillet 2024
Paparazzza/Shutterstock
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En plus de frapper les raffineries avec ses drones, l’Ukraine tente d’affaiblir le secteur énergétique russe en asséchant ses revenus pétroliers. En raison de sanctions prises en juin par Kiev, le pétrole du géant russe Lukoil ne transite plus par le territoire ukrainien depuis la semaine dernière, provoquant la colère des deux principaux destinataires, la Hongrie et la Slovaquie, qui ont demandé lundi à l’Union européenne (UE) d’intervenir.
 
Alors que l’UE a imposé un embargo sur le pétrole en réponse à l’invasion de l’Ukraine, les pays enclavés d’Europe centrale bénéficiaient d’exemptions, théoriquement provisoires, afin de leur donner le temps de diversifier leurs sources d’approvisionnement. La Hongrie du dirigeant d’extrême droite Viktor Orban est cependant restée très dépendante de la Russie: environ 70% de ses importations de pétrole en proviennent toujours, dont la moitié avec Lukoil via l’oléoduc Druzhba qui traverse l’Ukraine.
 
Le gouvernement hongrois, qui alerte contre un risque de pénurie de carburant voire de coupures d’électricité dans le pays, est vent debout contre la décision de Kiev de fermer le robinet. Le chef de la diplomatie, Peter Szijjarto, a dénoncé une mesure «inacceptable et incompréhensible» qui «pose une grave menace à la sécurité énergétique de la Hongrie». La Slovaquie du populiste Robert Fico est tout aussi remontée, alors que le pays a importé 88% de son brut de Russie l’année dernière. «La Slovaquie n’a pas l’intention d’être otage des relations entre l’Ukraine et la Russie», a protesté le premier ministre slovaque, menaçant d’interrompre à son tour les exportations de carburant vers l’Ukraine.
 
Appel à la Commission
 
Budapest et Bratislava se sont tournés en début de semaine vers la Commission européenne, qui prenait en considération leur requête mardi, sans voir à ce stade de «conséquence immédiate sur la sécurité de l’approvisionnement en pétrole de l’UE». Les deux Etats d’Europe centrale estiment que l’Ukraine viole l’accord de partenariat UE-Ukraine conclu en 2014, et se disent prêts à saisir la justice internationale.
 
«Le but de ces sanctions est de priver l’agresseur russe des revenus qui financent son effort de guerre. L’embargo européen n’est toujours pas complet, presque deux ans et demi après le lancement de l’invasion, et il faut trouver une solution. Kiev envoie un signal politique», analyse Roman Nitsovych, chercheur au cabinet d’expertise ukrainien DiXi Group.

La Hongrie et la Slovaquie sont dirigées par des chefs d’Etat peu enclins à aider l’Ukraine, voire opposés à un soutien à Kiev dans le cas de Viktor Orban, qui continue d’entretenir des relations chaleureuses avec Moscou, contrairement aux autres membres de l’UE.

 
«L’Ukraine commence à être exaspérée par l’attitude trop accommodante de certains en Europe centrale», relève Marc-Antoine Eyl-Mazzega, spécialiste de l’énergie à l’Institut français des relations internationales (IFRI). Les restrictions au transit du brut de Lukoil lui apparaissent comme «une façon de faire un peu pression, sans abattre toutes les cartes d’un coup», puisque d’autres entreprises russes, comme Tatneft, peuvent toujours expédier leur pétrole par l’oléoduc ukrainien.
 
[...]
 
Vers la fin de l’accord gazier
 
Un autre dossier énergétique risque de passablement tendre les relations de Kiev avec ses voisins européens. L’accord de transit permettant au russe Gazprom d’envoyer du gaz en Europe via l’Ukraine arrive à échéance à la fin de l’année. Conclu à l’Elysée en 2019 après d’âpres négociations, il prévoyait le transit de 40 milliards de mètres cubes par an jusqu’à la fin de 2024. Outre l’Autriche, la Slovaquie et la Hongrie continuent de se fournir en gaz russe grâce à cet accord.
 
Etrangement, l’accord a tenu malgré l’agression armée lancée par Moscou contre l’Ukraine. Cette dernière voulait éviter de se mettre en porte-à-faux avec ses partenaires européens et d’être traînée devant les tribunaux par Gazprom, pointe Marc-Antoine Eyl-Mazzega. L’Ukraine touche donc toujours quelques dizaines de millions de dollars par mois de la part de la Russie pour assurer ce transit, en dépit de la guerre.
 
La semaine dernière, le patron de l’entreprise publique ukrainienne Naftogaz, Oleksiy Chernyshov, a assuré que l’accord ne serait pas prolongé en 2025 et qu’aucune négociation n’avait été lancée. Kiev cherche à remplacer Gazprom par d’autres partenaires pour continuer à utiliser son gazoduc et fournir ses voisins. Le président Volodymyr Zelensky a confirmé début juillet que des discussions étaient en cours avec l’Azerbaïdjan, afin de définitivement tourner la page des hydrocarbures russes.
 
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Marc-Antoine EYL-MAZZEGA

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Directeur du Centre énergie et climat de l'Ifri

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Le Premier ministre hongrois Viktor Orban en visite inopinée à Kiev, rencontre avec le président Volodymyr Zelenskiy, 2 juillet 2024
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