Malgré les menaces des Etats-Unis, la Turquie reçoit un système de défense antiaérienne russe
L’armement est au cœur d’un bras de fer entre Washington et Ankara. L’administration américaine pourrait stopper la participation turque au programme de développement du chasseur furtif F-35.
Washington ira-t-il au bout de ses menaces ? Ankara a finalement décidé, vendredi, de se faire livrer les premiers élements de ses systèmes de défense antiaérienne sol-air S-400, achetés à la Russie, a annoncé le ministère turc de la Défense. Les pièces ont été livrées à la base aérienne de Mürted, à la périphérie d’Ankara.
« La livraison de ces éléments se poursuivra dans les prochains jours », a déclaré la direction turque de l’industrie de défense. « Une fois que le système sera prêt, il commencera à être utilisé », a-t-elle ajouté. L’achat de ces batteries de missiles par Ankara est depuis des mois la source de vives tensions entre la Turquie et les Etats-Unis.
Ces systèmes ne sont pas compatibles avec ceux de l’Otan, dont Ankara occupe le flanc oriental. Washington menace d’exclure la Turquie du programme de développement du chasseur furtif américain F-35 auquel elle est associée. Les Etats-Unis ont déjà cessé d’entraîner des pilotes turcs à manier le F-35, construit par Lockheed Martin. L’Otan s’est dit « préoccupée » par la livraison à la Turquie, indique Atlantico.
« Déni d’accès ». Lors du sommet du G20 d’Osaka à la fin juin, Donald Trump n’a pas exclu des sanctions contre la Turquie, tout en justifiant la décision d’Ankara par la mauvaise gestion de ce dossier par son prédécesseur Barack Obama. Si la Turquie a choisi les S-400, c’est parce que la précédente administration avait imposé des conditions draconiennes à l’acquisition de missiles Patriot américains, a expliqué Trump. Son homologue turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé que Washington n’avait pas l’intention de sanctionner Ankara. La précédente version du système russe, le S-300, avait notamment été acheté par la Grèce, membre de l’Otan. Pour l’heure, deux pays possédent l’armement russe S-400, la Chine et l’Inde, partenaire de Washington en Asie.
Le système S-400 complexifie les opérations militaires adverses en créant des zones dites de « déni d’accès », d’une portée de 400 kilomètres, qui entrave les capacités de l’adversaire. Un armement considéré comme « un obstacle nouveau à la liberté d’action de nos force », par la Loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025.
- Une capacité nuancée par le chercheur et directeur du Centre des études de sécurité de l’Institut français des relations internationales (Ifri), Corentin Brustlein dans un article publié dans la Revue Défense Nationale : « Le degré de menace peut certes être très élevé à proximité immédiate du territoire adverse, mais il sera décroissant avec l’éloignement, et demeurera limité par la géographie du théâtre et la disponibilité de systèmes longue portée onéreux, et par conséquent peu nombreux »
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