Mort d'Idriss Déby : une perte stratégique pour la France
Au-delà de l'aspect humain, la France perd un allié stratégique en la personne d'Idriss Déby, président défunt du Tchad. Une période d'incertitude s'ouvre pour le pays, comme pour ses partenaires.
Le président du Tchad, Idriss Déby, est décédé mardi 20 avril lors de combats contre des rebelles dans le nord du pays. Au pouvoir depuis 30 ans, le président tchadien était un partenaire-clé des Occidentaux, et en particulier de la France, contre les jihadistes au Sahel.
Au delà de l'aspect humain, son décès constitue une perte stratégique pour la France. D'abord parce qu'elle ouvre une période d'incertitude pour ce pays partenaire. En effet, c'est le général Mahamat Idriss Déby, fils du président décédé, qui a pris la tête du Conseil militaire de transition et "occupe les fonctions de Président de la République" du Tchad, selon une Charte de la Transition publiée mercredi 21 avril sur le site de la présidence.
Une prise de pouvoir que l'opposition qualifie de "coup d'État". Dans une tribune transmise à l'AFP, des représentants de la diaspora tchadienne utilisent le même terme et condamnent la "reconnaissance et le soutien hâtif apporté par la France à la junte militaire".
"L'allié le plus efficace militairement" au Sahel
Pour l'heure, le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian s'est contenté d'appeler à une transition militaire d'une "durée limitée" qui conduise à un "gouvernement civil et inclusif".
Pour Alain Antil, spécialiste du Sahel à l'Institut français des relations internationales (Ifri), la mort d'Idriss Déby risque aussi de créer "un flottement à la tête du pays" et "des tensions au sein du bloc qui [le] soutenait", et ce alors que le G5 Sahel, qui lutte contre le jihadisme au côté des forces de l'opération française Barkhane, est présidé par le Tchad.
Le pays est aussi pour la France "l'allié le plus efficace militairement du Sahel", estime le chercheur au micro de RTL. Selon lui, l'une des questions qui se pose est donc de savoir si la présence de 1.200 militaires tchadiens engagés sur la zone des trois frontières en support de la lutte anti-terroriste risque d'être remise en cause.
"La France perd un ami courageux", a commenté mardi l'Élysée après la mort du président Déby. Après lui avoir à nouveau rendu hommage en conseil des ministres, Emmanuel Macron se rendra vendredi 23 avril à ses obsèques.
> Retrouvez l’article sur RTL
Média
Partager