Moscou réplique vertement à Washington sur l'Iran
Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, dénonce les « diktats et ultimatums » de la Maison-Blanche sur l'accord international de 2015 sur le nucléaire iranien.
Washington « continue de vouloir imposer ses vues en se fondant exclusivement sur le diktat et l'ultimatum ». Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a vertement critiqué la politique étrangère de l'administration Trump en général et sa récente décision sur l'Iran en particulier, lundi, lors de sa conférence de presse de bilan de l'année 2017. Une critique élargie en outre aux « alliés » des Etats-Unis, sans autres précisions.
Après que la Maison-Blanche a adressé vendredi un ultimatum de quatre mois en vue d'un aménagement d'ampleur de l'accord international dit « JCPOA » de juillet 2015 sur le nucléaire iranien, Sergueï Lavrov a fait part de son pessimisme sur ce dossier. Il a mis en garde les Européens, qui, selon lui, « cherchent un compromis » face à cet ultimatum des Etats-Unis, ajoutant : « Cela risque de les emmener sur une mauvaise pente, vers une direction très dangereuse. » Il a confirmé que Moscou s'opposerait à toute révision de l'accord JCPOA, signé après des années de négociations délicates et qui prévoit la suspension des sanctions de l'ONU contre Téhéran en échange d'un gel de son programme nucléaire controversé. La menace de Trump constitue, selon Tatiana Kastouéva-Jean, directrice du centre d'études de la Russie à l'Institut français des relations internationales, « une triple aubaine pour le Kremlin : elle crédibilise son discours sur les Etats-Unis, facteur de perturbation, elle présente a contrario la Russie comme une puissance responsable, et permet d'enfoncer un coin entre Washington et les Européens ».
Nombreuses récriminations
Accusant les Etats-Unis, suivant l'habitude du Kremlin depuis quasiment l'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine, de ne pas vouloir reconnaître « la réalité d'un monde multipolaire », Sergueï Lavrov a dénoncé en outre les « nombreuses méthodes » de l'administration Trump , « du déploiement d'un système global de défense antimissile aux sanctions unilatérales, à l'extraterritorialité de leur propre législation et aux menaces de résoudre tout problème international uniquement selon leur propre scénario ». La Russie n'est toutefois pas en position de s'opposer frontalement ou par procuration aux Etats-Unis, estime Tatiana Kastouéva-Jean, car « elle a besoin de polir son image dans la perspective de la présidentielle du 18 mars et de la Coupe du monde de football cet été ».
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