Nouvelles sanctions contre le régime birman
Après les sanctions américaines en début de semaine, le Japon a annoncé la suspension de toute nouvelle aide octroyée à la Birmanie. Des entreprises, comme le producteur d'énergies renouvelables Voltalia, mettent fin à leurs activités sur le sol birman où la répression de la contestation par la junte militaire au pouvoir a fait plus de 520 morts.
Il ne s'agit pas de sanctions directes, mais c'est une sérieuse mise en garde. Dans une tentative de favoriser le retour du processus démocratique, le Japon, qui entretient des liens de coopération économique étroits avec la Birmanie, décide de stopper ses aides. La décision ne devrait s'appliquer qu'aux nouvelles aides et non aux projets déjà existants. Un moyen de pression efficace pour rétablir la démocratie ? « On verra la réaction de la junte militaire, mais ce qui est sûr, c'est que les sanctions qui ciblaient les haut-gradés birmans n'ont pas fait leurs preuves, explique Françoise Nicolas, directeur de la zone Centre-Asie à l'Institut français des relations internationales (Ifri). On peut espérer que les sanctions beaucoup plus vastes des Japonais et des Américains aient un effet bien plus important. »
Un gel des avoirs à Singapour ?
Ces sanctions économiques pourraient avoir des conséquences pour la population birmane qui pourrait se retrouver victime d'effets collatéraux négatifs, mais pour Françoise Nicolas, avec la répression de la contestation qui a fait près de 520 morts depuis le 1er février, un point de non-retour a été franchi.
« La population fait la preuve tous les jours qu'elle est quasiment prête au sacrifice suprême. Les éventuelles sanctions plus larges frappent aussi la population ; ce n'est plus le problème...aux yeux de la population elle-même. »
La junte militaire birmane peut compter les soutiens de la Chine ou de la Russie, ce qui pose un problème pour l'efficacité des sanctions au niveau international.
« Des acteurs, comme Singapour, pourraient jouer un rôle en gelant les avoirs de la junte birmane, explique Françoise Nicolas, il faudrait une coopération plus large de la part des acteurs qui comptent pour l'économie birmane. »
Début de sanctions de la part des entreprises
Les entreprises restent encore discrètes. Le producteur français d'énergies renouvelables Voltalia a annoncé ce mercredi 31 mars se retirer de Birmanie et EDF a indiqué dimanche suspendre un projet de barrage dans le pays. En revanche, Accor, sixième groupe hôtelier mondial, entend rester en Birmanie où il exploite neuf hôtels et mener à bien une demi-douzaine de projets, en dépit de la répression. Quelques jours après le coup d'État, Total s'était déclaré « préoccupé », appelant à « une solution pacifique ». Le groupe qui exploite le gaz birman n'a en revanche pas l'intention de se retirer pour l'instant.
« On ne peut pas demander à Total de se retirer du marché birman, on ne ferme pas une exploitation pétrolière ou gazière du jour au lendemain, mais il y a d'autres moyens de faire, assure Françoise Nicolas, l'interruption du versement des taxes et le dépôt des revenus sur des comptes séquestres pour que ces revenus ne tombent pas dans les poches de la junte pourraient avoir des effets, car c'est de l'argent qui compte beaucoup pour la junte. »
L'idée de sanctions économiques fait son chemin dans certaines sociétés. Le groupe allemand Giesecke + Devrient (G + D), l'un des leaders mondiaux dans l'impression de billets de banque, a annoncé mercredi suspendre ses livraisons de matériel aux autorités birmanes avec effet immédiat. L'entreprise basée à Munich cesse ses livraisons à l'imprimerie d'État birmane d'où sort la monnaie nationale, selon un communiqué précisant qu'il s'agit « d'une réaction aux violents affrontements en cours entre les militaires et la population civile ». Cela pourrait avoir un important impact car, selon le quotidien Süddeutsche Zeitung, le matériel livré par l'entreprise allemande est indispensable pour l'émission de monnaie en Birmanie et la junte pourrait se trouver confrontée à un manque de liquidités.
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