Ouïghours : front occidental contre Pékin
Alors qu'un sommet européen et une réunion de l'OTAN étaient au programme cette semaine, Washington et les États de l'UE semblent unis contre la politique répressive de la Chine à l'égard des Ouïghours.
Le climat international se durcit, les lignes de fracture se creusent, et la pandémie n’en est pas le seul facteur d’accélération. Tout au long de la semaine, c’est un front commun contre la Chine qui a pris forme, rapprochant dans une même posture, un discours semblable et une démarche identique entre Européens et Américains.
Répression sans merci
Lundi dernier, pour la première fois depuis 30 ans, l’Union Européenne déclenchait des sanctions contre de hauts fonctionnaires chinois, suivie par le Royaume-Uni et le Canada, puis par Washington. Une démarche coordonnée et un même motif : la répression sans merci que le régime de Pékin inflige aux musulmans Ouïghours dans le Xinjiang, au nord-ouest du pays.
Aussitôt la Chine a riposté par une salve de sanctions frappant tantôt des ambassadeurs et des parlementaires, tantôt des chercheurs et des fondations européens. Convocation immédiate des ambassadeurs de Chine dans les diverses capitales concernées, et une mention spéciale pour le diplomate en poste à Paris, qui répand sur Twitter insultes et propagande.
Cette semaine précisément, à l’occasion de la réunion des ministres des affaires étrangères de l’OTAN et du sommet virtuel des chefs d’état et de gouvernement de l’Union Européenne, le président des Etats-Unis et son secrétaire d’état ont assuré leurs alliés de leur soutien, et même de leur affection, sans nier que la confrontation avec la Chine est leur préoccupation première.
Jusqu’où les Européens sont-ils prêts à la partager ? Le consensus au sein des 27 serait-il plus facile à atteindre vis à vis de Pékin que de Moscou ? Que devient « l’autonomie stratégique » voulue par Emmanuel Macron?
L’Europe et la Chine ont des intérêts économiques réciproques, le récent accord sur les investissements survivra-t-il à l’escalade des sanctions ? Pékin, soutenu par Moscou, dénonce avec de plus en plus d’aplomb et d’agressivité le comportement des Occidentaux. Sa propagande déverse sur les réseaux sociaux des images idylliques du Xinjianq. Que sait-on de la situation sur place, les sanctions occidentales auront-elles le moindre effet ?
Christine Ockrent reçoit Alexandra de Hoop-Scheffer, directrice du bureau parisien du think tank The German Marshall Fund of the United States (GMF), autrice d’une récente note sur la politique européenne de Biden sur le site du German Marshall Fund
Vanessa Frangville, maîtresse de conférences et titulaire de la chaire d'études chinoises à l'Université libre de Bruxelles (ULB), coordinatrice du numéro de Monde Chinois sur la « Crise ouïghoure : Transformation et reconstruction des identités » (mars 2020)
Antoine Bondaz, directeur du programme Corée à la Fondation pour la recherche stratégique et enseignant à Sciences Po, auteur d’une récente note pour la FRS intitulée « Taïwan, une puissance diplomatique à part entière »
Marc Julienne, chercheur et responsable des activités Chine, Centre Asie de l’Institut Français des Relations Internationales (IFRI), auteur d'un article dans la revue Politique étrangère sur la « Diplomatie chinoise : de l'« esprit combattant » au « loup guerrier »
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