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Ouzbékistan. Sept questions pour comprendre les violences qui ont secoué le pays

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cité par Juliette Brossault pour

  Ouest France
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Des milliers de Karakalpaks ont manifesté le 1er juillet contre la remise en cause de l’autonomie de leur région par le pouvoir central. Le président de la République d’Ouzbékistan, Chavkat Mirzioïev, ne veut pas se séparer de ces terres qui représentent 40 % du territoire national mais dont les habitants se sentent culturellement plus proches des Kazakhs que des Ouzbeks.

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Les amendements au cœur des tensions ont été annulés. Qu’est-ce qui explique un tel rétropédalage du président Chavkat Mirzioïev ?

Face à cette situation bouillonnante, de peur que cela ne dégénère davantage, Chavkat Mirzioïev, qui a entrepris de nombreuses réformes économiques et sociales dans le pays, a fait marche arrière. « Le gouvernement a mis un couvercle sur le problème sans le résoudre, il l’a reporté,  observe David Gaüzere. Cette décision a calmé les tensions dans l’immédiat et a rétabli un statu quo. » Il ajoute : « Pour garder les investisseurs occidentaux, ils ne veulent pas se montrer trop sanglants. » Mais ce rétropédalage porte un coup à l’autorité du président Mirzioïev, qui a voulu montrer à son peuple qu’il est capable de reprendre le contrôle très rapidement.

Pour Michaël Levystone, chercheur sur l’Asie centrale à l’Institut français des relations internationales (Ifri), « le président Mirzioïev a reçu un signal. Il ne peut pas faire ce qu’il veut. Et surtout, il ne peut pas toucher au statut spécifique de cette région ».

 

En quoi le statut autonome de la région, acquis depuis 1936, est-il si cher aux Karakalpaks ?

Les quelque deux millions d’habitants du Karakalpakstan ont un « sentiment identitaire local très fort » selon Michaël Levystone. De tradition nomade, les Karakalpaks se sentent plus proches d’un point de vue ethnique et culturel des Kazakhs que des Ouzbeks.

« Si jamais ils prenaient leur indépendance, ce qui n’arrivera pas à mon avis, ce pourrait être pour se rattacher au Kazakhstan, souligne-t-il. Et il existe une rivalité historique entre les deux États pour le leadership en Asie centrale. Cela déclencherait une crise majeure. »

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Pourquoi le président ouzbékistanais a tenté de gommer l’autonomie du Karakalpakstan ?

Le pouvoir central ne souhaite pas se séparer de cette province qui représente 40 % du territoire national.

« Le gouvernement n’accepte pas que 40 % de sa superficie disparaisse dans la nature », affirme Michaël Levystone.

« Ou pire », soient rattachés au Kazakhstan. Pour éviter cela, le président a cherché à anéantir tout sentiment velléitaire en faisant du Karakalpakstan une province lambda de l’Ouzbékistan. Outre cette peur de perdre une partie de son territoire, le pays est très attaché au respect de son intégrité territoriale. « Le gouvernement a cette volonté de conserver la frontière des États, chevillée au corps », déclare le spécialiste de l’Asie centrale. À tel point que Tachkent s’est distancié de Moscou, avec lequel les relations sont excellentes depuis 2016, à propos de la guerre en Ukraine. Comme le Kazakhstan, Tachkent avait « reconnu le droit de l’Ukraine à mener une politique étrangère indépendante, tout autant que sa souveraineté et son intégrité territoriale » et « avait annoncé ne pas reconnaître les Républiques autoproclamées de Lougansk et de Donetsk, dans le Donbass ».

 

La révolte en Ouzbékistan serait-elle instrumentalisée par la Russie ou les Occidentaux ?

David  Gaüzere,  chercheur  associé  au  Centre  Français  de  Recherche  sur  le Renseignement (CF2R), émet deux hypothèses. Selon lui, les Russes auraient accusé  les  Occidentaux,  notamment  les  Allemands,  les  Britanniques  et  les Américains,  d’être  derrière  les  révoltés.  Dans  le  contexte  de  la  guerre  en Ukraine, « l’intérêt  des  Occidentaux  est  d’affaiblir  la  Russie ». « La Communauté des États indépendants est jusqu’à présent la chasse gardée de  Moscou.  Le  soulèvement  des  populations  minoritaires dans des territoires autonomes contre les puissances centrales affaiblit ces États qui sont de facto alliés à la Russie », détaille-t-il. De l’autre côté, il soupçonne la Russie de vouloir déstabiliser le pouvoir en place pour le forcer à prendre son parti dans la guerre en Ukraine. Michaël Levystone, quant à lui, n’adhère pas à ces hypothèses.

« Aujourd’hui la Russie cherche de la stabilité et de la sécurité en Asie centrale, elle n’a pas intérêt à ce que l’Ouzbékistan explose, observe-t-il. Personne n’y a intérêt, surtout pas en ce moment, au regard de la forte incertitude induite par la situation en Afghanistan. »

 

> L'article en intégralité sur Ouest France (article réservé aux abonnés). 

 

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Michaël LEVYSTONE

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Ancien chercheur associé, Centre Russie/Eurasie de l’Ifri