Peng Shuai : où sont les disparus de Pékin ?
Où est Peng Shuai ? C’est la question qui est posée massivement depuis plusieurs jours sur les réseaux sociaux et dans le débat public international par le monde du tennis, les chancelleries et même les Nations unies (ONU).
La championne de tennis chinoise, ancienne numéro un mondiale en double, n’avait plus donné signe de vie depuis près de trois semaines. Avant sa disparition, elle avait publié un message sur un réseau social chinois accusant l’ancien vice-Premier ministre chinois Zhang Gaoli de viol. Très rapidement, son témoignage avait été effacé, son compte fermé et elle-même était invisible. Jusqu’à ce week-end où des vidéos et des images de la joueuse ont été publiées sur les réseaux sociaux par des journalistes proches du pouvoir de Pékin. Avec en point d’orgue, ce dimanche, un entretien vidéo avec Thomas Bach, le président du Comité olympique international.
Pour autant, cette réapparition, mise en scène par les médias chinois, ne semble pas avoir convaincu grand monde. Lundi, l’ambassade de France en Chine a même publié, en chinois, sur son compte Weibo, le Twitter chinois, un communiqué exprimant son "inquiétude sur le manque d’information au sujet de la situation de Peng Shuai". "Nous appelons le gouvernement chinois à mettre en œuvre ses engagements à combattre la violence contre les femmes", précise l’ambassade. De son côté, l’association Human Rights Watch a accusé le CIO de relayer "la propagande d’État chinoise". L’ONG a fait remarquer que le comité n’indique pas comment l’entretien diffusé dimanche a été réalisé et rappelle que "le gouvernement chinois fait disparaître des personnes dont les opinions ou la conduite sont vues comme problématiques, emploie des formes extralégales de détention et des tortures et publie des confessions forcées pour que des cas douteux apparaissent légitimes. Les autorités chinoises ont une longue habitude de réduire au silence les critiques, y compris les avocats des droits humains, les journalistes, les lauréats du prix Nobel de la paix" et d’autres personnalités "comme l’homme d’affaires milliardaire Jack Ma, la star Fan Bingbing et le chef d’Interpol, Meng Hongwei".
La championne est en effet loin d’être la première personnalité chinoise à avoir disparu des radars. Mais cette affaire remet sur le devant de la scène ces étranges "disparitions forcées" de personnalités chinoises qui menacent le régime communiste, encore largement entourées de mystère. Et cette fois, il y a une importante mobilisation internationale. Alors est-ce que l’on est à un tournant ? Qu'arrive-t-il aux personnes que le régime fait "disparaître" ? Si la Chine a appelé ce mardi à cesser de "monter en épingle" l’affaire Peng Shuai, à quelques mois des Jeux Olympiques de Pékin, et à près d’un an du XXème Congrès du parti, à l’issue duquel Xi Jinping devrait prolonger son propre mandat présidentiel, quelles pourraient être les conséquences de cette affaire ? Enfin que se passe-t-il dans le détroit de Taïwan ?
Une semaine après l'entretien virtuel entre le président chinois et son homologue américain, notamment au sujet de Taïwan, qui cristallise toutes les tensions entre les deux puissances, le passage d’un navire américain dans le détroit pour "démontrer l'engagement des États-Unis en faveur d'une Indo-Pacifique libre et ouverte" a fait vivement réagir l’Empire du Milieu. Xi Jinping a ainsi mis en garde Joe Biden sur le fait qu'encourager l'indépendance de l'île est "une tendance très dangereuse qui revient à jouer avec le feu".
Invités :
- François Clémenceau, rédacteur en chef international - Le Journal du Dimanche
- Armelle Charrier, éditorialiste en politique internationale - France 24
- Pierre Haski, chroniqueur international - France Inter et L’Obs
- Marc Julienne, chercheur - Centre Asie de l’Ifri
> Retrouver le replay de l'émission sur la page de C dans l'air.
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