Port du Voile / Brexit / Frontière turco-syrienne : Poutine grand manitou, un Moyen Orient sans l’Occident ?
9 jours d’offensive, 500 morts, et la Turquie qui a accepté vendredi un cessez le feu à condition que les milices kurdes quittent la frontière turco syrienne. "Victoire" a crié Donald Trump, se vantant d’avoir orchestré la rencontre entre son émissaire Mike Pence et le président turc. Mais qui a vraiment gagné dans cette histoire ?
Certes les Américains peuvent mettre en avant d’avoir fait taire les armes en menaçant de lourdes sanctions économiques une économie turque déjà en récession. Mais Recep Tayip Erdogan, lui, peut se réjouir d’avoir fait reculer les milices kurdes et de voir à priori s’évanouir le rêve d’un Kurdistan à sa frontière avec la Syrie.
Mais à y regarder de près, Erdogan est loin d’être maître du jeu : car la Syrie n’a nulle envie de voir la Turquie s’implanter durablement son territoire. Officiellement, le régime de Bachar peut donc se dire lui aussi victorieux d’avoir le soutien de l’armée russe pour reprendre pied sur son territoire, remettre la main sur les Kurdes et pour constater que plus personne n’ose vraiment demander un changement de régime à Damas.
Dans ces différentes équations, un homme sort grand gagnant : Vladimir Poutine désormais solidement implanté dans cette région du monde, ayant profité de la guerre contre Daech, d’un désir américain profond de se désengager des conflits moyen-orientaux, pour devenir l’homme incontournable, celui avec qui parle les hommes forts de Jérusalem, Téhéran, Damas et Ankara, celui qui d’ailleurs reçoit mardi prochain, chez lui, à Sotchi, le président Erdogan. Mardi, comme par hasard, le dernier jour du cessez-le-feu.
- Aurélie Filippetti, femme politique, romancière, ancienne ministre de la Culture dans les gouvernements Ayrault puis Valls
- Thomas Gomart, historien des relations internationales, directeur de l’Institut français des relations internationales (IFRI)
- Dominique Schnapper, sociologue et politologue, directrice d'étude à l'EHESS
- Dominique Reynié, professeur des Universités à Sciences Po et directeur général de la Fondation pour l’innovation politique
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