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Pourquoi la quête de souveraineté numérique sur Internet menace l’hégémonie américaine

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cité par Charles de Laubier dans

  Le Monde
Accroche

Les rivalités autour de la gouvernance d’Internet s’exacerbent dans le monde. Face à la société Icann (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers), créée par les Etats-Unis il y a vingt-cinq ans pour gérer les noms de domaine, les Nations unies et la Chine veulent avoir leur mot à dire sur l’avenir du « réseau des réseaux ».

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Début novembre, la Chine tenait en grande pompe sa 10e Conférence mondiale de l’Internet (World Internet Conference, WIC). Mondiale, vraiment ? Cet événement était en fait la réplique du président chinois, Xi Jinping, à la 18édition du Forum sur la gouvernance de l’Internet (Internet Governance Forum) qui avait eu lieu un mois plus tôt au Japon, sous l’égide des Nations unies. Ces deux rendez-vous internationaux en disent long sur la bataille qui se joue autour de l’avenir du « réseau des réseaux ». Et reposent la sempiternelle question : à qui appartient Internet et qui le gouverne ? La réponse est simple : personne ! Nul n’en est propriétaire.

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Risque de censure des contenus occidentaux

« Internet est en voie de fragmentation accélérée ; la guerre en Ukraine ne fait qu’accroître le phénomène, avec une réorientation des chaînes de valeurs technologiques mondiales, sans parler des Etats qui coupent l’accès à Internet, comme l’Inde vis-à-vis du Cachemire, l’Ethiopie avec le Tigré, le Cameroun, la Birmanie… La Russie n’est pas un cas isolé », constate Julien Nocetti, chercheur associé à l’Institut français des relations internationales et au centre de recherche Géopolitique de la datasphère. [...]

La Russie empêche les internautes russes d’accéder à des plates-formes et réseaux sociaux occidentaux, notamment depuis l’entrée en vigueur, le 1er mars, de sa loi « information, technologies de l’information et protection de l’information ». « Je n’ai pas accès aux réseaux sociaux de Meta (Facebook, Instagram et WhatsApp), ni à Twitter [devenu X], ni à Snapchat, entre autres. Sont aussi bloqués les médias BBC News, Euronews ou encore l’agrégateur d’actualités Google News. A moins d’utiliser des outils de contournement comme Proton VPN ou NordVPN », témoigne Viktoriia, habitante d’Omsk, ville russe située à plus de 2 700 kilomètres à l’est de Moscou.

Si Vladimir Poutine a menacé un temps de déconnecter la Russie de l’Internet, il n’en a rien fait. En effet, le pays le plus vaste au monde n’en a pas les moyens techniques. 

« La Russie n’est actuellement pas en mesure de se “découpler” du reste du réseau Internet mondial. Cependant, l’invasion russe de l’Ukraine et le durcissement du conflit avec l’Occident augmentent les possibilités d’une telle scission », estime le chercheur Julien Nocetti. D’autant que « la loi de 2019, visant à créer un “Internet souverain”, expose la nécessité d’une déconnexion totale de l’Internet mondial en cas de menace avérée ». Inversement, l’Occident peut être tenté, comme le fait le routeur d’Internet London Internet Exchange (LINX), de ne plus desservir la Russie.

Bien d’autres pays ont Internet dans leur collimateur, comme l’Iran, qui bloque certains réseaux sociaux et certaines messageries instantanées, notamment depuis la mort de l’étudiante Mahsa (Jina) Amini, en septembre 2022.

La Chine, elle, a construit il y a vingt ans maintenant sa grande muraille « virtuelle » (GFW pour Great Firewall), afin de bloquer des sites Web jugés non politiquement corrects ou subversifs – avec arrestation de leurs responsables, dans certains cas. Cette censure de contenus venus d’Occident permet aussi à l’empire du Milieu de faire prospérer ses propres Gafam tels que les géants Tencent, Alibaba ou Baidu.

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> Lire l'article dans son intégralité sur le site du Monde.

 

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Julien NOCETTI

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