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Pourquoi la Russie en veut-elle à ce point à Telegram, et maintenant à Facebook?

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  20 Minutes
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Les autorités russes ont bloqué la messagerie Telegram et menacent d’en faire de même pour Facebook.

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Les autorités russes n’ont peur de rien. En pleine campagne de blocages massifs d’adresses IP liées à la messagerie Telegram - suspendue d’accès en Russie depuis le 13 avril -, Roskomnadzor, l’agence de contrôle des télécoms russe, a décidé de menacer… Facebook.

« Nous allons inspecter cette entreprise avant la fin de 2018 », a déclaré son patron Alexandre Jarov. « Un certain nombre de critères doivent être remplis, comme la localisation sur le territoire russe des bases de données des citoyens russes et l’élimination de toutes les informations interdites », selon Jarov, qui a ajouté que « la question du blocage va évidemment se poser ».

Des dommages collatéraux

Sur le cas Telegram, Roskomnadzor y est allé fort. 19,4 millions d’adresses IP ont été bloquées après la décision de la justice russe, conséquence du refus de la messagerie cryptée de fournir aux services de sécurité (FSB) les clés permettant de lire les messages des utilisateurs. Roskomnadzor estimait mercredi le taux de perturbation du fonctionnement de Telegram à 30 %.

Mais si la messagerie restait majoritairement accessible, de nombreux autres sites subissaient de perturbations. C’est le cas des musées du Kremlin, dont les ventes de billets en ligne ont été interrompues pendant plusieurs heures, mais aussi de la messagerie Viber ou des sites de Volvo, de l’agence vidéo de RT ou des services de jeux en ligne de Xbox et Playstation, qui utilisaient des serveurs partagés avec Telegram, dont les adresses IP ont été bloquées par Roskomnadzor.

Une réplique aux sanctions occidentales

Qu’arrive-t-il au pouvoir russe pour qu’il mette la pression à ce point sur ces plateformes ? « C’est un mouvement qui remonte dans le temps, à 2012 et le retour de Poutine au Kremlin », explique Julien Nocetti, chercheur à l’Institut français de relations internationales et spécialiste de l’internet en Russie.

L’explosion de l’usage des réseaux sociaux dans le pays depuis le début de la décennie a évidemment poussé le régime de Vladimir Poutine à serrer la vis, dans le cadre d’une guerre de l’information avec l’Occident : « Les tensions entre Russes et Américains jouent beaucoup, bien sûr. Le phénomène a pris de l’ampleur avec le conflit ukrainien, toute une série de lois ont été adoptées pour imposer une censure beaucoup plus ferme, avec un pic actuel lié à la Syrie qui n’arrange rien, d’autant que les Etats-Unis et l’Union européenne ont voté des sanctions contre la Russie. Il faut y voir un moyen pour le Kremlin de répliquer en visant ces plateformes occidentales », poursuit le chercheur.

Début 2017, c’est LinkedIn qui était définitivement banni par la Russie​, pour avoir refusé de se plier à l’exigence législative de stocker sur le territoire national les données des ressortissants russes, loi adoptée en septembre 2015. « Les messageries instantanées chiffrées sont dans le viseur actuellement, pour des raisons évidentes, le Kremlin voulant se prémunir de tout usage politique de ce type de messageries, qui ont le grand avantage pour les usagers d’être très sécurisées », ajoute Julien Nocetti.

L’usage des VPN a explosé ces derniers jours

Toutes ces initiatives des autorités russes risquent pourtant d’être contre-productives. D’abord parce que l’usage des VPN, ces réseaux sécurisés permettant de placer son adresse IP à l’étranger, est fréquent en Russie. Le recours aux VPN a justement explosé en Russie ces derniers jours. Dès lundi, date du début du blocage, le fournisseur NordVPN a par exemple annoncé avoir enregistré une hausse de 150 % du nombre de ses utilisateurs dans le pays.

D’autre part, cette offensive pourrait faire mal à l’industrie numérique russe. C’est l’idée de Julien Nocetti : « On ne peut que s’inquiéter de cette cascade de lois qui visent cette industrie, alors qu’elle commençait à être florissante depuis une petite dizaine d’années. Ça va briser le mouvement et détourner les investisseurs étrangers de la Russie, tout en contribuant peut-être à une fuite des cerveaux, des milliers de talents russes étant déjà partis en Californie, à Boston, en Israël, voire en Allemagne ou au Royaume-Uni. Alors que la Russie se fait fort pendant ce temps de se positionner en superpuissance du numérique. »

 

Relire l'article sur le site de 20 Minutes

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