Poutine et le nucléaire : les raisons de ne pas paniquer
Pour la première fois, un pays, la Russie, brandit la menace nucléaire non pour défendre son existence mais pour appuyer l'annexion d'un territoire. Vladimir Poutine prend ainsi des libertés avec des règles en vigueur depuis trois quarts de siècle. Bluffe-t-il ? C'est sans doute le scénario le plus terrifiant qu'on puisse concevoir actuellement.Acculé, Vladimir Poutine lancerait des missiles nucléaires sur l'Ukraine. Ouvrant la boîte de Pandore d'une utilisation de ces armes apocalyptiques verrouillée depuis soixante-dix-sept ans. Avec un risque réel de riposte, conventionnelle, de l'Otan, et ensuite d'escalade nucléaire de part et d'autre.
C'est pourtant bien la menace qu'a brandie le président russe, mercredi dernier, dans son discours à la nation russe, en évoquant l'utilisation « de toutes les armes de destruction massive à sa disposition », si nécessaire.
L'URSS a perdu des guerres sans recourir au nucléaire
Certes, ce genre de menace n'est pas inédite, puisque nous vivons, plus ou moins flegmatiquement, sous le régime de la dissuasion nucléaire depuis les années 1950. L'humanité est d'ailleurs passée à un cheveu de l'affrontement nucléaire au moins deux fois, sans que le grand public ne s'en rende toujours compte, en 1962 et, surtout, en 1983 quand le colonel Stanislav Petrov , du système d'alerte soviétique, a eu deux minutes pour estimer que les centaines de missiles américains qui fonçaient vers son pays étaient un bug de radar.
Deux puissances nucléaires, l'URSS en Afghanistan et les Etats-Unis au Vietnam, ont perdu des guerres sans recourir à cet arsenal, tout comme l'URSS et la Chine se sont affrontés, en 1969, sur l'île frontalière Damansky (probablement 20.000 morts) sans monter au nucléaire.
D'ailleurs, Vladimir Poutine avait menacé, dès le début de l'invasion, le 24 février, de frapper avec des armes « comme vous n'en avez jamais connu » ceux qui contrecarreraient ses plans. Les Occidentaux n'ont pourtant pas flanché et livré des armes lourdes à Kiev. Sans que le Kremlin ne riposte.
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Tatiana Kastoueva-Jean, spécialiste de la région Russie/NEI à l'Institut français des relations internationales (Ifri), souligne que « même la Chine, partenaire clé de la Russie mais puissance instinctivement conservatrice et à l'économie fondamentalement tournée vers l'exportation, donc vulnérable aux chocs mondiaux, manifeste depuis peu son mécontentement envers l'aventurisme du Kremlin », tout comme l'Inde et la Turquie, autre pays plutôt indulgents jusqu'ici envers Moscou.
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