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Quand la Chine fait main basse sur les organisations internationales

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interviewé par Matthieu Vendrely sur

  TV5 Monde
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A 55 ans, Qu Dongyu a été élu ce dimanche 23 juin à la tête de la FAO. Il est le premier Chinois à diriger l'Agence des Nations unies en charge de la lutte contre la faim dans le monde. Son élection prouve une nouvelle fois l'intérêt de la Chine pour les postes à responsabilité dans les instances internationales. Entretiens séparés avec Claude Meyer, professeur à Sciences Po (Paris) et chercheur au Centre Asie de l'Ifri, l'Institut français des relations internationales et Pierre Picquart, spécialiste de la Chine.

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TV5MONDE : Un Chinois à la tête de la FAO c'est une première, mais ils sont déjà plusieurs à diriger des organisations internationales. Comment analyser cet intérêt chinois pour le multilatéralisme ?

Claude Meyer : Cela signifie plusieurs choses. La Chine cherche à être une puissance responsable au plan mondial. Elle a souvent été critiquée comme étant le passager clandestin de la mondialisation. Elle s’efforce donc d’être un modèle de multilatéralisme. Cette politique générale se double d’une offensive très claire destinée à influencer de plus en plus les institutions internationales.
La Chine estime que, jusqu’à présent, et compte tenu de l’hégémonie américaine dans pas mal de domaines, y compris financiers avec le Fonds Monétaire International ou la Banque mondiale, elle veut imposer progressivement ses vues dans les instances internationales. C’est à mettre en parallèle avec ses propres initiatives comme les Routes de la soie, la banque asiatique de financement des infrastructures, etc… avec une volonté très claire de la Chine de réformer le système dans le sens de ses intérêts, car elle estime que jusqu’à présent sa place n’a pas été suffisamment reconnue et sa politique pas assez prise en compte.

La Chine vise-t-elle tout de même certains intérêts "personnels" ? 

Claude Meyer : La Chine a besoin de redorer son image. Sur la question des droits humains bien-sûr mais aussi cette image selon laquelle la Chine serait une puissance économique qui ne fonctionne qu’en bilatéral. Traditionnellement, dans les relations commerciales et financières, la Chine préfère le face-à-face, parce que compte tenu de son poids elle est certaine de l’emporter. Ses aspirations au multilatéralisme lui permettent d’abord de renforcer son soft power, son influence de grande puissance responsable mais aussi d’avancer ses pions en terme d’intérêts et de conceptions politiques et idéologiques.

Cette nomination n'est pas la première. Elles se sont multipliées ces dernières années.

Claude Meyer : Il y a eu le cas malheureux du patron d’Interpol mais il y a aussi d’autres organisations moins connues dirigées par des Chinois comme l’organisation de l’aviation civile, l’organisation de l’ONU pour le développement industriel ou l’agence internationale des télécommunications.

La Chine cherche à montrer à quel point elle est responsable mais aussi à quel point le monde doit tenir compte de ce qu’elle peut apporter.

Mais de manière plus importante, il y a la présence chinoise dans les comités et sous-comités des institutions, notamment onusiennes, ou la diplomatie chinoise est extrêmement vigoureuse pour influencer les résolutions. On le voit très bien à la Commission des droits de l’Homme de l’ONU où la Chine est très active pour faire prévaloir son point de vue sur ce que doivent être ces droits. Je pense encore aux opérations de maintien de la paix où la Chine a le plus grand contingent de Casques bleus au niveau des membres permanents du Conseil de sécurité.
En résumé, par tout cela, la Chine cherche à montrer à quel point elle est responsable mais aussi à quel point le monde doit tenir compte de ce qu’elle peut apporter.

L'interview est également disponible sur le site de TV5 Monde.

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Claude MEYER

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Anciennement Conseiller au Centre Asie de l'Ifri