Qui est Fiona Hill, la conseillère de Trump spécialiste de la Russie ?
La biographe de Vladimir Poutine et spécialiste du pouvoir russe Fiona Hill est une conseillère très discrète à la Maison Blanche. Au moment où les chefs de la diplomatie américaine et russe se rencontrent ce mercredi à Moscou, elle pourrait jouer un rôle déterminant dans le rapprochement entre les deux puissances mondiales. Retour sur le parcours de cette experte très critiquée par le président russe.
Alors que le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson et son homologue russe Sergueï Lavrov doivent se rencontrer à Moscou ce mercredi 12 avril, les relations sont plus que tendues entre Vladimir Poutine et Donald Trump au sujet de la Syrie et de l'Ukraine. Pour tenter d'entretenir des relations bilatérales plus apaisées, le président américain a fait appel à Fiona Hill en tant que directrice pour l'Europe et la Russie au conseil national de sécurité. Relativement discrète, cette femme de l'ombre, qui a rejoint la Maison Blanche au mois de mars, pourrait jouer un rôle très important au sein de la diplomatie américaine.
De l'Ecosse à Harvard
Née en 1965 à Bishop Auckland dans le nord de l'Angleterre, Fiona Hill est issue d'un milieu familial modeste. Son père était mineur et sa mère sage-femme. La jeune anglaise affiche très tôt des aptitudes en langues étrangères et commence à se passionner pour la Russie au début de sa majorité.
Mme Hill affiche un parcours universitaire brillant centré sur l'étude de l'Europe et la Russie comme l'atteste son CV. En 1989, elle a obtenu une maîtrise sur l'histoire moderne de la Russie à l'université St Andrews en Ecosse tout en poursuivant ses études à l'institut des langues étrangères Maurice Thorez à Moscou. Fiona Hill a enfin obtenu une autre maîtrise et un doctorat d'histoire à Harvard en 1998. Ce parcours dans les études supérieures et son passage à Harvard vont être déterminants pour la suite de sa carrière comme elle le rappelle dans un témoignage accordé au site de la prestigieuse université américaine. "Absolument tout ce que j'ai fait- mes recherches, ma formation, mon livre - ont été possibles grâce à Harvard qui m'a ouvert des portes et m'a permis de me construire un carnet d'adresses et des relations."
Une expertise redoutable
Avant de rejoindre le conseil national de sécurité au mois dernier, la nouvelle conseillère de Donald Trump a forgé son expertise au sein d'instances stratégiques et reconnues dans les cercles du pouvoir américain. Elle a notamment été directrice de la réflexion stratégique à la fondation Eurasie à Washington entre 1999 et 2000. Et elle a surtout mis ses connaissances au service du conseil national du renseignement américain entre 2006 et 2009 au moment où George W. Bush et Barack Obama se sont succédé à la Maison Blanche. Cet organisme central coordonne le travail des 17 agences de renseignements aux Etats-Unis. Enfin juste avant de conseiller M.Trump, Mme Hill était chercheuse et responsable du département Europe au Brookings Institution, centre de réflexion et de recherches américain spécialisé dans les sciences sociales.
Une biographie critique sur Poutine
En 2013, Fiona Hill a publié avec Clifford G. Gaddy une biographe très remarquée de Vladimir Poutine intitulée "Mr. Putin, Operative in the Kremlin". Dans cet ouvrage, les deux auteurs dressent un portrait psychologique du président russe pour lui attribuer six identités. D'après la note de l'éditeur, les deux auteurs ont remarqué que "les nombreux commentaires faits aux Etats-Unis sur la Russie sont parfois construits sur des idées fausses, potentiellement dangereuses sur Poutine". Selon une autre note de lecture du chercheur spécialiste de la Russie Julien Nocetti à l'institut français des relations internationales (IFRI) :
"Le sujet (ndlr : le portrait de Poutine), maintes fois abordé, peut sembler réberbatif. Cependant, l'ouvrage convainc : pour Fiona Hill et Clifford Gaddy, le président russe amalgame de multiples identités, chacune héritée de son passé et jouant un rôle dans sa gouvernance, sa vision du monde, sa réaction aux événements."
Elle a également publié un nombre très important d'ouvrages, articles universitaires sur la Russie ou le Caucase et est régulièrement interrogée par la presse américaine sur ces sujets. Le politologue Andrew Knuchins de l'université de Georgetown a expliqué "qu'elle connaissait la Russie et Poutine mieux que personne d'autre, et elle est vraiment équilibrée et mesurée dans son analyse".
Une pression importante
Au regard des enjeux diplomatiques et économiques qui pèsent entre la Russie et les Etats-Unis, cette spécialiste de la psychologie du chef du Kremlin devrait être sous pression dans les mois à venir. En effet, le récent départ de l'ancien conseiller à la sécurité Mickael Flynn et les proximités de l'actuel ministre de la Justice Jeff Sessions avec la Russie alimentent la polémique sur les interférences du Kremlin durant la dernière campagne présidentielle américaine.
Lire l'article sur le site de la Tribune
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