RDC, Centrafrique : la faillite du modèle onusien
En juillet 2022, dans l'est de la République Démocratique du Congo, la population se soulève contre la mission onusienne Monusco présente depuis 22 ans dans le pays. Ce n'est pas le seul pays où gronde le mécontentement à l'égard des Casques bleus ces dernières années, à l'image de la Centrafrique.
Même Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU, fait l'aveu d’impuissance des missions de la paix onusiennes en République démocratique du Congo, où le groupe rebelle du M23 a repris les armes. Des combats ont éclaté dès le mois de mai dans l’est du pays alors que des Casques bleus y sont positionnés depuis plus de 20 ans.
L’idée des opérations de maintien de la paix a surgi en 1948, quand le médiateur de l’ONU en Palestine demanda qu’un petit groupe de soldats surveille la trêve entre Israël et ses voisins arabes. Pendant longtemps la mission des Casques bleus s’est limitée à cela : surveiller les lignes de cessez-le-feu ou simplement faire présence. Jusqu’à ce que le génocide au Rwanda en 1994, puis le génocide de Srebrenica en 1995, révèlent leur dramatique impuissance, et contraignent l’ONU à revoir les règles. Protéger les civils, former les forces de police, désarmer les milices, surveiller les violations des droits de l’homme, organiser des élections… Les opérations de maintien de la paix sont désormais encadrées par une doctrine standardisée, invariablement appliquée quel que soit le contexte local. Comme si la paix pouvait se décréter.
Direction l'Afrique pour réfléchir sur ces problématiques, car sur les douze opérations de maintien de la paix aujourd’hui, cinq sont déployées sur le continent africain.
Julie Gacon reçoit Séverine Autesserre, professeure à Columbia et Thierry Vircoulon, chercheur associé au Centre Afrique subsaharienne de l'IFRI.
"En RDC, les populations manifestent contre la Monusco en disant "vous ne faites pas bien votre travail", mais dès que la Monusco veut fermer une base dans un village et veut retirer ses soldats, il y a les mêmes manifestations mais cette fois pour dire "pourquoi partez-vous ?". Il y a donc cette réelle ambivalence : ce n'est pas un rejet complet de la Monusco mais un rejet de la manière dont les Casques bleus travaillent actuellement", analyse Séverine Autesserre.
"Il ne faut pas exagérer l'effet top-down des Nations unies. Il y a une déperdition assez forte des instructions qui viennent du sommet. De New York à Kinshasa jusqu'à Goma, même si les instructions descendent jusqu'à ce niveau-là, elles sont interprétées et plus ou moins mises en œuvre car c'est un système de pouvoir beaucoup plus complexe qu'une organisation verticale avec beaucoup d'interférences horizontales (nationales, locales...)", explique Thierry Vircoulon.
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