Soft power et vente d’armes : comment la Russie cherche à étendre son influence dans le monde
En tournée en Afrique, Emmanuel Macron a cherché à mettre en garde les capitales africaines contre l’une « des dernières puissances impériales coloniales » que représente Moscou, selon lui.
Ils ont mené leur tournée africaine en même temps. Emmanuel Macron d’un côté, Sergueï Lavrov, le chef de la diplomatie russe, de l’autre. En perte d’influence sur le continent, le président français a tenté de mettre en garde les capitales africaines contre le « nouveau type de guerre mondiale hybride » que mène Moscou.
« La Russie est l’une des dernières puissances impériales coloniales » en décidant « d’envahir un pays voisin pour y défendre ses intérêts », a-t-il affirmé mercredi au Bénin. Ni le mot ni l’endroit pour le prononcer n’ont été choisis au hasard. Emmanuel Macron agite l’épouvantail du colonialisme dans un pays auparavant colonisé par la France.
Car en mars dernier, de nombreux pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine n’ont pas suivi les votes des résolutions condamnant l’action russe en Ukraine.
« Macron cherche donc les concepts qui parlent aux Africains pour éveiller chez eux une prise de conscience, analyse Tatiana Kastouéva-Jean, spécialiste de la Russie à l’Ifri (Institut français des relations internationales). Le colonialisme leur parle davantage que la violation du droit international, parce que les pays africains comme la Russie dénoncent aussi les violations du droit international par l’Occident et ses doubles standards. En réalité, dans le cas russe, il s’agit plus d’impérialisme que de colonialisme. »
Le maître du Kremlin, qui rêve de grandeur, ne supporte pas d’être à la tête d’une puissance moyenne. La chute de l’URSS a marqué le retrait soviétique en Afrique durant une trentaine d’années. Sous l’impulsion de Vladimir Poutine, la Russie est revenue petit à petit au-devant de la scène à la moitié des années 2000.
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Poutine a aussi renoué avec le Moyen-Orient. La guerre en Syrie, où sont déployées des bases militaires russes et la milice privée Wagner, lui permet de tisser sa toile dans la région. En Asie centrale, malgré la montée en puissance de la Turquie et de la Chine, la Russie reste maîtresse.
Certains pays, comme l’Ouzbékistan et le Kazakhstan, ont affiché des positions critiques, en reconnaissant l’autorité ukrainienne. Le Kirghizistan, plus libéral et frondeur, a envoyé de l’aide humanitaire à l’Ukraine. Mais tous se sont abstenus de condamner l’invasion russe à l’ONU.
« Ils sont réalistes, la Russie reste le pays avec lequel on ne peut pas aller trop loin », note Michaël Levystone, chercheur au centre Russie/NEI de l’Ifri. « Quand le Kazakhstan a eu des problèmes en janvier (des révoltes après une hausse du prix du carburant), les autorités n’ont pas appelé les Chinois ni les Turcs, mais l’OTSC. »
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