Sous-marins australiens : des risques de prolifération nucléaire dans la zone indo-pacifique
Le partenariat stratégique Aukus entre l’Australie, les Etats-Unis et le Royaume-Uni, qui inclut la fourniture de sous-marins américains à propulsion nucléaire à Canberra, pourrait inciter d’autres Etats à vouloir se doter de ce type de submersibles.
La décision prise à Washington d’exporter en Australie le savoir-faire nucléaire américain dans le domaine de la propulsion des sous-marins est une mauvaise nouvelle du point de vue de la prolifération. La nouvelle alliance Aukus (Australie, Royaume-Uni, Etats-Unis), présentée mercredi 15 septembre, ne parle certes pas d’armes atomiques – les futurs submersibles australiens en service à partir de 2040 porteront des missiles conventionnels Tomahawk, a-t-il été annoncé. Mais cette vente fera émerger dans la zone indo-pacifique le septième acteur mondial disposant de sous-marins d’attaque de ce type – les chaufferies nucléaires embarquées procurent une autonomie, une discrétion et une allonge considérables aux navires de guerre. En outre, le contrat pourrait couvrir des technologies utilisant de l’uranium hautement enrichi.
En matière nucléaire, « les Européens, et la France, mettent beaucoup d’énergie sur l’Iran, ils vont devoir investir le sujet majeur et de plus en plus complexe de la prolifération en zone indo-pacifique », estime Antoine Bondaz, de la Fondation pour la recherche stratégique (FRS), à Paris. « La zone comprend des Etats proliférants comme la Corée du Nord, des membres du traité de non-prolifération [nucléaire, TNP] comme la Chine, d’autres qui n’en sont pas signataires comme l’Inde et le Pakistan, mais aussi des pays où existent des débats sur l’acquisition d’armes nucléaires comme la Corée du Sud. » Pour Séoul, qui développe un sous-marin lanceur d’engins et des missiles longue portée, « il est évident que la question se pose », poursuit M. Bondaz. « La question est d’abord celle de la propulsion, mais, dans ce pays, depuis dix ans, la population est favorable à la nucléarisation, soit en réintroduisant des armes américaines, soit en développant des capacités nationales. »
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- « A quel titre les Etats-Unis pourraient-ils refuser cette capacité à d’autres de leurs alliés ? », interroge, pour sa part, Elie Tenenbaum, directeur du Centre des études de sécurité, de l’Institut français des relations internationales (IFRI).
Ensuite, une autre question stratégique se pose, à laquelle les experts ne peuvent encore répondre : les réacteurs australiens utiliseront-ils de l’uranium hautement enrichi (UHE), comme ceux de la marine américaine, ou faiblement enrichi, à l’instar des navires français ou chinois ?
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