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Stratégie militaire : la France a-t-elle les moyens de ses ambitions ?

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invité de l'émission "Cultures du Monde" sur

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C’est en présence de plusieurs ministres, de hauts responsables de l’armée mais aussi de soldats que le Président a dévoilé la nouvelle Revue Nationale Stratégique. Un document qui fixe le cadre et les ambitions de la politique de défense à l’horizon 2030. Adapter nos armées aux nouvelles menaces qui pèsent sur la France et sur l’Europe, définir la place de notre pays dans les nouveaux rapports de force suscités par l’invasion russe en Ukraine.

 

Contenu intervention médiatique

Alors que cette guerre rappelle à l'Europe sa vulnérabilité, la France, a dit le Président, doit être “une puissance d’équilibre qui assume ses responsabilités”. Mais notre pays en a-t-il les moyens ?

Mélanie Chalandon et Marc Semo reçoivent Elie Tenenbaum, directeur du centre des études de sécurité à l’IFRI, et coauteur de “La guerre de vingt ans” paru aux éditions Robert Laffont et Frédéric Charillon, professeur de science politique à l’Université Paris Cité et à l’ESSEC, auteur de Guerres d'influence paru aux éditions Odile Jacob en 2022.

La Revue nationale stratégique vous parait-elle à la hauteur des nouveaux enjeux militaires auxquels est confrontée la France ?

La Revue nationale stratégique de 2022 a été rédigée en réponse au lancement anticipé d’une nouvelle Loi de programmation militaire 2024-2030, en remplacement de la LPM actuelle qui devait s’échelonner jusqu’en 2025. Elle marque ainsi une accélération du rythme de ces exercices de réflexion mais témoigne également d’une diminution du temps accordé à celle-ci. A titre de comparaison, le Livre Blanc de 2013 avait été préparé pendant plusieurs mois et avait mobilisé plusieurs commissions de rédaction mobilisant la société civile. La Revue stratégique de 2017 avait-elle été conçue dans un délai plus court. La Revue nationale stratégique de 2022 a finalement été préparée dans un délai très resserré, entre juillet et septembre 2022, et dans l’intimité des équipes, d’après les mots du président. Elle entérine le basculement vers un nouvel ordre stratégique, dominé par la compétition de puissance, dans la continuité de la Revue stratégique de 2017 qui avait déjà souligné ce virage, tout en rappelant à l'époque l'importance de la menace terrorisme. La compétition stratégique sera ainsi le facteur dimensionnant de l’outil de défense français pour les prochaines années.

Comment estimez-vous la capacité de l'armée française à faire face à une guerre de haute intensité ?

L’armée française n’est pas dimensionnée pour répondre aux défis d’une guerre de haute intensité car son format, hérité de la fin de la guerre froide, s’est construit sur une professionnalisation et une réduction de ses forces, censées pouvoir répondre à de nouvelles missions de contre-insurrection.

Un retour à l’ancien format des armées françaises est-il donc nécessaire ?

Regagner en épaisseur sur certaines capacités s’impose pour se préparer à la guerre de haute intensité. Néanmoins, l’exemple de la guerre en Ukraine ne doit pas être pris comme référence pour les hypothèses d’engagement majeur de la France, et ce, pour plusieurs raisons : La France ne connaît pas de puissances hostiles à ses frontières directes, elle est dotée de l’arme nucléaire, et enfin, elle est membre de l’alliance atlantique.

Quel est le sens de la déclaration d’Emmanuel Macron à Toulon sur la dimension européenne des intérêts vitaux de la France ?

La doctrine de dissuasion est en France une doctrine déclaratoire où chaque mot compte. La seule référence est la parole du président et notamment le discours qu’il tient sur ce sujet à chaque nouveau mandat. Lors de son discours de février 2020, Emmanuel Macron avait mentionné la dimension européenne des intérêts vitaux français. Cependant, le président a déclaré le 12 octobre dernier, au cours d’une interview, qu’une frappe nucléaire sur l’Ukraine et sa région ne pouvait pas déclencher l’usage de l’arme nucléaire française. Cette déclaration, dirigée vers l’opinion publique française, a inquiété les Etats européens. Il est donc revenu sur cette déclaration pour réassurer les partenaires de la France et maintenir une ambiguïté quant à la définition des intérêts vitaux français afin de dissuader de potentiels agresseurs.

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Élie TENENBAUM

Élie TENENBAUM

Intitulé du poste

Directeur du Centre des études de sécurité de l'Ifri