Sur qui les kurdes peuvent-ils compter ?
A deux mois d’élections générales anticipées, le calendrier s’accélère en Turquie : l’opposition vient de constituer un front « tout sauf Erdogan », et le vote kurde pourrait être déterminant. Au-delà de la Turquie, les différentes forces kurdes de la région se cherchent de nouveaux parrains. Dorothée Schmid, responsable du programme Turquie/Moyen-Orient à l'Ifri, dresse le tableau des différentes perspectives kurdes avant le séminaire organisé par l'Ifri sur ce sujet.
La question kurde est déterminante pour la place de la Turquie dans le conflit syrien, parce que c’est dans la guerre contre les YPG (dont la bataille d’Afrine est un épisode) que se négocie la capacité d’Ankara à intervenir de manière indépendante face aux autres acteurs du conflit syrien.
En contrôlant 28 % du territoire, les forces kurdes ont acquis un pouvoir à double tranchant puisqu’ils opposent des alliés et rapprochent des adversaires qui ne veulent pas être directement confrontés : utilisés par la coalition contre l’EI, ils peuvent l’être maintenant par Damas pour contenir la Turquie. Comme en Irak, la guerre a ravivé les ambitions politiques des différentes entités kurdes, avec plus ou moins de succès.
La campagne de Syrie joue aussi de manière ambivalente sur l’avenir politique du président Erdogan et de son parti l’AKP : elle est un facteur de remobilisation nationaliste mais elle mécontente les électeurs kurdes conservateurs qui lui étaient favorables. Même sans leur parti challenger de 2015 le HDP aujourd’hui réprimé, le vote des kurdes qui constituent 20 % de la population turque pourrait compter face à un AKP en perte de vitesse. Selon Al Monitor, les kurdes seraient même en position de « faiseurs de roi » face à une proposition politique qui s’est diversifiée et la constitution d’une nouvelle opposition au président Erdogan. Courtisés par l’AKP lors du referendum constitutionnel, les électeurs kurdes de l’Est de la Turquie le sont maintenant par de nouvelles forces.
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