Trump, mauvaise passe
Donald Trump avait promis une démonstration de force à Tulsa samedi, dans le bastion républicain de l’Oklahoma. Le président américain qui tenait à marquer un grand coup, annonçait une foule immense d’un million de supporters pour son premier meeting depuis mars. Mais la foule n’a pas été au rendez-vous et les images de tribunes clairsemées font depuis beaucoup parler de l'autre côté de l'Atlantique. Car si l’événement était censé relancer la campagne de réélection de Donald Trump, il a au contraire viré au fiasco, soulignant la mauvaise passe que ce dernier traverse.
Après un printemps marqué par la crise sanitaire, l’effondrement de l’économie qu’elle a entraîné, et les manifestations dans tout le pays contre les violences policières, le locataire de la Maison-Blanche doit faire face aux révélations explosives du livre publié par son ex-conseiller à la sécurité nationale, John Bolton, alors qu’un autre ouvrage choc écrit par sa nièce est attendu prochainement en librairie. "Too Much and Never Enough : How My Family Created the World's Most Dangerous Man" (en français, Trop et jamais assez : comment ma famille a créé l'homme le plus dangereux du monde) doit sortir le 28 juillet prochain. Le livre, qui s’annonce comme une bombe à quelques mois de l'élection présidentielle américaine, embarrasse le clan Trump qui tente d’en bloquer la publication.
Autre mauvaise nouvelle pour le président américain : le coronavirus revient au-devant de l’actualité. Le virus enregistre une nette progression dans vingt-trois États, soit plus de la moitié du pays – et ce, même si le bilan quotidien est passé depuis plusieurs jours sous la barre des mille décès. Sa gestion de la pandémie, qui a fait plus de 118 000 morts et 2,2 millions de cas aux États-Unis, est vivement critiquée et ses propos ont été une nouvelle fois contredits par le Dr Anthony Fauci. L'immunologiste en chef de la Maison- Blanche, figure très respectée aux Etats-Unis, a ainsi affirmé mardi que Donald Trump ne lui avait "jamais" demandé de ralentir le rythme du dépistage du Covid-19, contrairement à ce qu’a affirmé le président américain. Il s'est par ailleurs dit "vraiment" inquiet devant les poussées "préoccupantes" du nombre de cas détectés dans plusieurs États américains.
Mais dans cette mauvaise passe, le président reste combatif. Il répond avec virulence à son ex-conseiller, qualifiant le livre de "pure fiction", et son auteur de "malade" qu'il a "viré" comme il le méritait. Quant à l’épidémie du Covid-19, il estime que le mur frontalier qu’il a fait ériger avec le Mexique a empêché une catastrophe sanitaire bien plus grave dans le sud du pays. Donald Trump tente ainsi de remobiliser sa base, alors que sa cote de popularité chute dans les sondages et que son prédécesseur à la Maison-Blanche s'engage personnellement dans la campagne de Joe Biden.
Après avoir annoncé qu’il soutenait la candidature de son ancien vice-président, Barack Obama est en effet allé plus loin mardi en participant aux côtés du candidat démocrate à une collecte de fonds virtuelle qui a permis de lever le montant record de 11 millions de dollars selon Fox News. Lors de cet événement, l’ancien président démocrate a dit, sans le nommer, tout le mal qu’il pensait de son successeur et a dit croire en une victoire de Joe Biden grâce au "fait qu'il y ait un grand sursaut à travers le pays, particulièrement chez les plus jeunes".
Parallèlement, les réseaux sociaux s’invitent de plus en plus dans la campagne. Ainsi des adolescents fans de K-pop et des utilisateurs de TikTok, affirment avoir saboté le meeting de Donald Trump à Tulsa en réservant en ligne, sans avoir l’intention de s’y rendre, des milliers de places du Bok Center. De son côté Twitter a décidé de masquer un nouveau message de Donald Trump dans lequel il menaçait d'user d'une "force conséquente" si des manifestants tentaient d'établir une "zone autonome" à Washington, expliquant que le tweet en question violait sa politique contre "la présence d'une menace de préjudice contre un groupe identifiable". Facebook a pour sa part retiré des publicités publiées par son équipe de campagne, parce qu'elles affichaient un triangle rouge inversé, symbole utilisé par les nazis pour désigner les prisonniers politiques dans les camps de concentration.
Invités :
- François Clemenceau, rédacteur en chef international au Journal du dimanche
- Thomas Snegaroff, historien spécialiste des États-Unis et auteur de "L’Amérique et son président, une histoire intime"
- Nicole Bacharan, politologue spécialiste des États-Unis et auteure de "Le monde selon Trump"
- Laurence Nardon, chercheur, responsable du programme "Amérique du Nord" de l’IFRI, l’Institut Français des Relations Internationales
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