Ukraine : ce que l’on sait des drones iraniens utilisés par Moscou
Symboles d’une faiblesse russe, des drones kamikazes fournis par l’Iran ont participé ce lundi aux frappes massives qui ont visé l’Ukraine.
Ils avaient déjà été signalés au sud de Kyiv, la semaine dernière, lors d’une attaque contre une base militaire ukrainienne. Des drones kamikazes fournis par l’Iran à l’armée russe ont à nouveau été utilisés ce lundi, selon l’état-major ukrainien, en plus des frappes de missiles et des bombardements aériens russes qui ciblent ce lundi une grande partie de l’Ukraine. «L’ennemi a utilisé des drones iraniens de type Shahed-136 depuis le territoire du Bélarus et de la Crimée temporairement occupée», a indiqué l’armée ukrainienne sur Facebook, assurant que neuf d’entre eux avaient été détruits. L’utilisation par les Russes de ces appareils iraniens démontre deux choses : la place croissante de Téhéran dans cette activité et certaines défaillances de la filière des drones russes. Selon la Maison Blanche, l’Iran a livré à la Russie cet été des centaines de drones.
Quels drones, pour quoi faire ?
Deux modèles ont été identifiés avec des utilisations différentes. «Le Shahed-136 est un drone suicide d’assez grande taille, de construction à bas coûts. Il atteint sa cible par coordonnées GPS, entrées avant son décollage. Il évolue ensuite en autonomie, volant assez bas et atteignant une cible qui est nécessairement fixe à quelques centaines de kilomètres», explique à l’AFP Pierre Grasser, chercheur français associé au centre Sirice à Paris.
Les Mohajer-6 «sont la réponse russe aux TB-2 de l’Ukraine», le fameux drone armé «MALE» (moyenne altitude, longue endurance) fourni par la Turquie et qui s’est aussi illustré entre les mains de l’Azerbaïdjan dans sa guerre contre l’Arménie en 2020, rappelle Jean-Christophe Noël, chercheur français à l’Institut français des relations internationales (Ifri).
Quelle efficacité ?
«Comme tous les drones armés ou les munitions rôdeuses, ils sont très efficaces quand l’adversaire ne dispose pas de moyens pour s’en protéger ou riposter», souligne Jean-Christophe Noël. «Beaucoup de leur succès initial viendra du fait que c’est une arme nouvelle sur ce théâtre.
D’ici là, les Ukrainiens peuvent tenter de les abattre avec des systèmes antiaériens portables en journée, ou des batteries équipées de radar de nuit. Ils peuvent aussi tenter – mais la manœuvre n’est pas simple – de brouiller le signal GPS pour parasiter les Shahed-136 qui, dans cette situation, ne sont pas équipés pour poursuivre leur route vers leur cible.
Est-ce un aveu d’échec russe ?
Pourquoi la Russie, un des principaux producteurs d’armes au monde, se fournirait-elle auprès de l’Iran ?
Les Russes «n’ont plus accès aux composantes technologiques occidentales et leurs essais pour développer en série ce type d’engins ont été infructueux», abonde Jean-Christophe Noël, de l’Ifri.
L’Iran, rival d’Ankara sur le marché ?
Début août, la compagnie turque Baykar a annoncé la construction en Ukraine d’une usine de production de Bayraktar TB2, les fameux drones d’attaque qui ont décimé les colonnes blindées russes.
Outre la Russie, «l’Iran dispose déjà de clients pour ces drones au Moyen-Orient» auprès de ses alliés, du Yémen au Liban en passant par l’Irak, rappelle Jean-Christophe Noël. «Mais les sanctions américaines contre d’éventuels clients limitent très fortement le nombre de candidats qui souhaiteraient s’équiper de tels matériels.»
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