Ukraine: faut-il craindre une attaque nucléaire ?
Héloïse Fayet, chercheur à l'IFRI spécialisée en dissuasion nucléaire essaie d'évaluer le risque d'attaque nucléaire de la Russie.
Aucun signe sur le terrain ne laisse penser à un usage imminent de l’arme nucléaire par la Russie. Moscou procède cependant à des actions de signalement nucléaire en répétant les déclarations faisant craindre à un possible emploi, comme lorsque Vladimir Poutine avait annoncé la mise en alerte des forces stratégiques russes durant le conflit. Le signalement stratégique peut ainsi passer par de la rhétorique, sans actes, mais également par des actes, sans rhétorique. La France, par exemple, a fait du signalement stratégique, en envoyant simultanément en patrouille deux à trois sous-marins nucléaires lanceurs d’engins, selon la presse.
Plusieurs scénarios d’emploi de l’arme nucléaire par la Russie sont envisageables mais d’une probabilité assez faible. La Russie pourrait en effet faire usage d’une arme nucléaire tactique sur une ville russe, d’une charge relativement faible et de courte portée. La Russie a cependant peu d’intérêt à la faire car elle obtiendrait peu d’avantages tactiques supérieurs à ceux qu’elle obtiendrait en utilisant ses armes conventionnelles, et subirait des conséquences stratégiques négatives puisqu’elle serait mise au ban de la communauté internationale, l’arme nucléaire n’ayant jamais été utilisée depuis la fin de la Seconde guerre mondiale.
La réaction de l’OTAN à une attaque nucléaire sur le sol ukrainien serait conventionnelle, une réponse nucléaire occasionnerait une escalade dangereuse avec la Russie. La riposte conventionnelle de l’OTAN devra cependant prendre en compte la doctrine nucléaire russe pour ne pas nuire à la survie de l’Etat russe, scénario qui pourrait entraîner une réponse nucléaire. Il existe un éventail de réponses hybrides, situées sous le seuil d’une riposte nucléaire russe, comme une attaque cyber massive ou un soutien accru à l’Ukraine.
Il existe plusieurs traités de non-prolifération. Le Traité de non-prolifération (TNP) date de 1967 et a été signé par tous les pays du monde, à l’exception de l’Inde, du Pakistan, de la Corée du Nord, d’Israël et du Soudan du sud. D’autres traités bilatéraux entre les Etats-Unis et la Russie visent à limiter leurs arsenaux respectifs. Le Traité New START est le plus déterminant aujourd’hui. Il a été renouvelé en 2021 et son renouvellement en 2026 est incertain, même si de possibles négociations sont envisagées au Caire prochainement.
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