Ultimatum, gazoduc... Les relations entre Moscou et Berlin mises à mal par le cas Navalny
L'empoisonnement du principal opposant à Vladimir Poutine pourrait notamment remettre en question le gigantesque projet de gazoduc Nord Stream 2. Un revirement de taille.
Face à la Russie, l'Allemagne a décidé de hausser le ton. Réclamant des clarifications après l'empoisonnement de l'opposant russe Alexeï Navalny, Berlin a menacé Moscou de sanctions en fixant un "ultimatum" aux autorités russes pour apporter des réponses dans ce dossier. "Si dans les prochains jours la partie russe ne contribue pas à clarifier ce qui s'est passé alors nous allons devoir discuter d'une réponse avec nos partenaires" européens, a ainsi mis en garde le ministre allemand des affaires étrangères Heiko Mass dimanche dans une interview au quotidien Bild.
Véritable bête noire de Vladimir Poutine, Alexeï Navalny est toujours hospitalisé à Berlin après un empoisonnement que les autorités allemandes attribuent au Novitchok, un puissant neurotoxique mis au point par l'armée russe à l'époque soviétique. [...]
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"L'affaire Navalny empoisonne de façon vraiment sérieuse les relations entre les deux pays. C'est en quelque sorte la goutte d'eau qui fait déborder le vase", analyse auprès de L'Express Hans Stark, professeur de civilisation allemande à la Sorbonne et conseiller pour les relations franco-allemandes à l'Ifri.
"L'arrêt définitif de ce chantier à plusieurs milliards d'euros serait un signe très clair que Poutine a franchi une ligne rouge. Mais cette position ne fait pas l'unanimité Outre-Rhin. Le ministre de l'Économie Peter Altmaier s'y oppose en raison de la dépendance énergétique du pays. Donc aujourd'hui tous les scénarios sont ouverts concernant l'avenir de ce projet de gazoduc", juge Hans Stark.
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Une relation durablement détériorée ?
"Les sources d'approvisionnement en gaz sont limitées. Si le gazoduc est interrompu, l'Allemagne devra probablement se rabattre sur du gaz liquéfié américain, mais les relations restent froides avec les États-Unis en ce moment. Donc ce n'est pas une décision facile à prendre", souligne Hans Stark.
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