Un sommet Chine-Europe sur fond de méfiance croissante face à Pékin
Un sommet virtuel doit se tenir, lundi, entre les dirigeants européens et le président chinois. Si les discussions progressent au sujet de la protection des investissements, l'Union européenne fait montre d'une plus grande fermeté qu'auparavant face à une Chine perçue comme un rival décomplexé.
Le vent tourne. Alors que la Chine et l'Union européenne doivent tenir un nouveau sommet virtuel, ce lundi, l'époque où Pékin pouvait tranquillement dérouler sa stratégie face à un continent tétanisé et désordonné semble prendre fin. Si les deux parties cherchent à conclure un accord de protection des investissements, les Européens sont déterminés à ne rien signer tant qu'ils n'auront pas obtenu des garanties sérieuses de la part d'un partenaire qui suscite désormais au moins autant de méfiance que de convoitise.
Posture plus feutrée
La crise du coronavirus, et ce qu'un pilier de la machine européenne qualifie de « démesure chinoise », sont passées par là. Après une phase d'offensive diplomatique décomplexée, Pékin a adopté une posture plus feutrée. En a témoigné la longue tournée effectuée, fin août, par Wang Yi, le ministre des Affaires étrangères chinois, dans plusieurs pays européens.
Chantre du multilatéralisme, défenseur de l'accord sur l'investissement, le responsable chinois s'est employé à adoucir l'image de son pays. Mais il n'a pas pu échapper aux questions de ses interlocuteurs sur la reprise en main de Hong Kong, en train de perdre le statut singulier qui garantissait son Etat de droit, ni sur la façon dont Pékin réprime la minorité ouïghour dans la région du Xinjiang.
[...]Sommet de la dernière chance
La relation sino-européenne s'est largement complexifiée et les divergences se creusent :
« L'attitude de plus en plus coercitive de la Chine à l'égard de l'Europe, dans les domaines commercial, politique et diplomatique, pousse l'Union européenne à adopter une politique plus ferme et exigeante », indique Marc Julienne, chercheur à l'Institut français des relations internationales (Ifri). Pour ce dernier, « la relation bilatérale entre la Chine et l'UE est totalement contradictoire : la Chine trouve un grand nombre de convergences politiques entre les deux puissances, comme le multilatéralisme, le changement climatique ou la lutte contre le Covid-19, alors que l'UE dénonce la répression au Xinjiang et à Hong Kong, et affirme de plus en plus fort sa volonté de protéger son marché et sa propriété intellectuelle ».
Pékin envisage l'Europe pour l'essentiel à travers le prisme de sa rivalité avec Washington . Le pouvoir chinois cherche à éviter que l'Europe se rapproche des Etats-Unis avec qui les tensions sont à leur comble . « La Chine espère que la mentalité de ‘nouvelle guerre froide'' et du ‘découplage économique'' du côté américain ne dissuadera pas l'UE dans ses relations bilatérales avec elle », estime Wang Yiwei, directeur du Centre d'études sur l'Europe à l'université Renmin de Pékin.
« Le sommet UE-Chine est pour Pékin un sommet de la dernière chance pour promouvoir le discours d'un partenariat Europe-Chine contre les Etats-Unis, avant les élections américaines et une éventuelle victoire de Joe Biden qui ouvrirait la voie au renforcement des relations transatlantiques », observe Marc Julienne.
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