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Une présidentielle en pleine guerre : Poutine en route vers une victoire record en Russie ?

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citée par Maëlane Loaëc dans

  Le Parisien
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Le scrutin présidentiel russe se déroule ce week-end sur fond d’offensive en Ukraine. Pourtant, le conflit reste très marginal dans la campagne, qui devrait aboutir sans grande surprise à la réélection du dirigeant russe.

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Le choix du « patriotisme », pour traverser les « temps difficiles ». À la veille de l’élection présidentielle, Vladimir Poutine a livré ses consignes : jeudi, il a appelé les Russes aux urnes pour prouver l’« unité » de la nation face aux épreuves, à l’heure où Moscou entre dans une troisième année de guerre contre l’Ukraine. Le chef du Kremlin, candidat à un cinquième mandat, n’a pas pour autant pris la peine de détailler ces « difficultés » pour espérer mobiliser les électeurs derrière lui lors de ce scrutin, ouvert depuis vendredi et qui courra jusqu’à dimanche. Avec un système de vote très contrôlé et un monopole politique rodé depuis près d’un quart de siècle, l’issue du vote semble de toute façon jouée d’avance.

Le président russe, habitué des scores larges - 77,5 % des suffrages en 2018 - récolte en effet les fruits d’un « travail de fond mené depuis 24 ans pour éradiquer toute alternative politique malgré l’apparence d’élection démocratique », explique Tatiana Kastouéva-Jean, directrice du centre Russie-Eurasie de l’Ifri.

Cette année plus que jamais, la concurrence est fantoche : Poutine affronte trois autres candidats pro-Kremlin, ce qui pourrait encore faire grimper son score.

 

« Masquer les conséquences de l’offensive »

Dans ce contexte, la guerre, sans être évoquée explicitement, peut malgré tout jouer le rôle d’amplificateur du résultat. « Un conflit crée toujours un phénomène de ralliement derrière le président : lors de la guerre en Tchétchénie et en Géorgie, puis l’annexion de la Crimée, la popularité du dirigeant russe a grimpé à chaque fois », note Tatiana Kastouéva-Jean.

Et au début de l’offensive en Ukraine, « le phénomène a rejoué ». Deux ans après le début du conflit, le soutien s’émousse peut-être, mais par crainte des conséquences d’une défaite, « il y a l’idée dans l’opinion publique qu’il faut mener la guerre jusqu’au bout », poursuit la chercheuse. Et donc soutenir la candidature de Vladimir Poutine…

Mais dans les faits, la guerre, toujours décrite comme une simple « opération spéciale » en Russie, reste finalement un sujet bien mineur dans la campagne, voire complètement éclipsé.
« Le Kremlin mise dessus pour tenter de mobiliser la société, mais il ne veut pas pour autant en faire un argument décisif. Il cherche même à masquer au maximum les conséquences de l’offensive dans le quotidien des Russes », appuie Ulrich Bounat, analyste spécialiste de la Russie et chercheur associé chez Open Diplomacy. À l’approche du vote, Vladimir Poutine a surtout mis à l’honneur le pouvoir d’achat, promettant des versements financiers.

Le conflit semble à ce point perçu comme une réalité lointaine dans le pays que les récentes attaques ukrainiennes de drones et les dernières incursions de bataillons pro-Kiev sur le territoire russe, très localisées, ne devraient pas beaucoup perturber le scrutin. « Elles sont peu relayées dans les médias russes : il y a des bombardements quotidiens sur des villages frontaliers dont personne n’entend parler à Moscou ou Saint-Pétersbourg », constate l’expert.

 

Des dissidences déjà étouffées ?

Elles pourraient toutefois avoir un impact indirect, si le pouvoir s’en saisissait pour encourager au maximum le vote électronique, mis en place dans un tiers des régions russes. Un outil idéal pour manipuler les résultats, venant renforcer tout un arsenal de techniques électorales déjà rodées pour faire encore gonfler, au besoin, le score attendu.

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> Lire l'article dans son intégralité sur le site du Parisien

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Tatiana KASTOUÉVA-JEAN

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Directrice du Centre Russie/Eurasie de l'Ifri