Gérer des élections pluralistes dans le cadre d’une démocratie "imposée". L'exemple des élections d'octobre 2001 en Mauritanie
En Afrique subsaharienne, des modes politiques d’action exogènes, et singulièrement occidentaux, comme l'Etat-nation ou la désignation des représentants politiques par le suffrage universel, sont venus se greffer à des sociétés ayant leur propre mode d'expression politique et de désignation du pouvoir. Nous tentons d'observer comment ces modes politiques locaux et étrangers se combinent à l'aide du cas de la République Islamique de Mauritanie.
Les stratégies développées par Maaouya Ould Sid Ahmed Taya, en place depuis 1984, pour garder le pouvoir, et plus particulièrement pour gagner les élections offrent un certain nombre de réponses. Une analyse des élections de novembre 2001 (municipales et législatives) permettra en particulier de comprendre les mécanismes à l'œuvre. L'élection pluraliste force l'élite étatique à démontrer son assise populaire. L'élection ravive donc les structures tribales de la société, elles sont le corps intermédiaire incontournable, mais l'assabiya traditionnelle n'est pas pour autant redevenu le moteur de la politique en Mauritanie. Là où ce mode n'est pas opératoire, en grande ville, le pouvoir est obligé d'user d’un attirail de mesures visant à endiguer l'opposition. Le pouvoir ne sera pas, du vivant d'Ould Taya, défait par les urnes, car ce n'est pas la fonction des élections en Mauritanie, une 'démocratie sans démocrates'.