UE : face à l'industrie chinoise, "le défi, c'est de coordonner des États qui n'ont pas les mêmes intérêts"
Alors que l'Union européenne veut prolonger son augmentation des droits de douane sur les véhicules électriques chinois, Sébastien Jean, professeur d’économie au Conservatoire National des Arts et Métiers et responsable du programme Géoéconomie et géofinance de l'IFRI, est l'invité de 6h20.
Un vote très important a lieu cette semaine à Bruxelles, visant à protéger l'industrie automobile européenne. Mais la Chine fait pression et les 27 sont divisés sur le sujet. La prolongation de ces droits de douane exceptionnels "paraît l'hypothèse la plus probable, mais il y a encore de la place pour des négociations", assure Sébastien Jean.
"Comme habituellement en Europe, le gros défi, c'est de coordonner des États qui n'ont pas les mêmes intérêts et les mêmes positions. D'une part, un peu idéologiquement et par principe, les pays du Sud ont tendance à être plus volontiers protectionnistes que les pays du Nord. D'autre part, il y a derrière une menace, dans la négociation, de représailles des Chinois. Et cette menace est vécue de manière inégale, hétérogène entre les pays européens."
Des menaces et des promesses
Les Chinois pourraient ainsi viser des produits européens.
"Les Chinois ont ainsi commencé une enquête anti-dumping sur les eaux de vie en présence d'Europe", explique-t-il. Et cela concerne directement la France, "qui vend du cognac", une enquête clairement ciblée, donc. "Ensuite, cet été, enquête anti-dumping sur la viande porcine. Qui vend de la viande porcine ? Pour qui est-ce un enjeu économique et politique important ? Pour l'Espagne, les Pays-Bas, le Danemark, etc. Et puis derrière, il y a la menace de représailles sur le secteur automobile. Et là, c'est l'Allemagne qui est dans le viseur." "Et puis d'autre part, on fait aussi miroiter des gains", rappelle Sébastien Jean.
"On parle d'investissements dans des usines d'hydrogène en Espagne, d'un partenariat renforcé... Donc c'est un ensemble, et c'est à l'image de cette relation commerciale : il y a des menaces, il y a des pertes potentielles, il y a aussi des gains potentiels. Et c'est un partenaire économique et politique important, évidemment."
Avec :
Sébastien Jean, professeur d'économie au Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM) ; responsable du programme Géoéconomie et géofinance de l'IFRI
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