L’Union Falepili : un accord sans précédent mêlant climat et défense entre l’Australie et Tuvalu
En novembre 2023, Tuvalu et l’Australie ont signé l’Union Falepili, un traité bilatéral offrant une voie migratoire aux Tuvaluans menacés par la montée des eaux, en contrepartie de concessions de certaines dépendances au bénéfice de Canberra. Si sa légitimité est controversée, l’Union Falepili est le résultat d’une décision souveraine de la part de Tuvalu et de l’Australie, et reflète les priorités stratégiques de chacun. Cet accord inédit pourrait ouvrir la voie à de nouvelles formes de coopération de sécurité alors que le changement climatique menace l’existence même de certains Etats.
Le sommet annuel des dirigeants du Forum des Îles du Pacifique (FIP) est l’événement majeur de politique internationale en Océanie. Là, se réunissent les chefs d’État et de gouvernement des 18 pays et territoires membres du FIP, organisation intergouvernementale à vocation régionale, créée en 1971 pour débattre des grands enjeux régionaux et internationaux, et décider des orientations, initiatives et partenariats à mettre en œuvre pour protéger et promouvoir les intérêts de ses membres. Lors de ces sommets interviennent 21 « partenaires de dialogue », parmi lesquels la Chine, les États-Unis, la France, l’Inde et l’Union européenne (UE), des représentants de la société civile, ainsi que les émissaires d’autres États et entités, et organisations internationales. La présence de ces acteurs et la diversité des sujets évoqués (sécurité, lutte contre le changement climatique, pêche, etc.), font de cette réunion annuelle l’épicentre du multilatéralisme et le socle politique du régionalisme océanien.
En 2023, en marge du sommet des dirigeants du FIP, a été signé un traité bilatéral entre l’Australie et le petit État insulaire de Tuvalu, portant le nom d’« Union Falepili », en référence au terme en langue tuvaluane traduisant les notions de bon voisinage, d’attention portée au bien-être de son voisin et de respect mutuel. Le traité vise à assurer la possibilité pour les habitants de Tuvalu de « sauvegarder leur avenir, leur identité et leur culture » en échange de la cession d’une part de son indépendance au bénéfice de l’Australie, dans le cadre d’un nouveau partenariat qui conjugue intérêts de sécurité, de défense et de stabilité, et enjeux d’adaptation, de coopération et de migration liés au changement climatique.
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