L'AKP face au tabou kurde
La question kurde a reçu un traitement particulier de la part de l'équipe au pouvoir en Turquie. Mais la stratégie kurde de l'AKP reflète comme d'autres dossiers les ambiguïtés doctrinales du parti.
L'AKP face au tabou kurde
Un temps apaisée, la question kurde ressurgit aujourd'hui comme un élément central du grand ajustement politique interne que vit la Turquie. Maintenu dans l'ombre, dans une quarantaine sécuritaire permettant de concilier les intérêts contradictoires de pouvoirs concurrents, le dossier kurde fait partie des grands tabous de la République. Depuis les années 1920, les Kurdes ont en effet régulièrement fait les frais d'une synthèse républicaine et nationaliste minimale et servi d'exutoire à la violence politique, sociale et militaire endémique d'un pays en quête de stabilité.
Il est désormais à craindre que la reprise des opérations meurtrières du PKK sur le sol turc n'entraîne le pays dans une nouvelle spirale conflictuelle. Plusieurs paramètres avaient cependant joué dans un sens positif depuis le début des années 2000 : la trêve militaire qui suit l'arrestation d'Abdullah Öcalan en 1999 ouvre la possibilité d'un traitement civil du problème ; le rapprochement de la Turquie avec l'Union européenne fait progresser les droits des minorités ; enfin, le parti AKP, au pouvoir à partir de 2002, prône une approche apparemment décomplexée de la question kurde. Depuis son avènement l'AKP, a priori traditionaliste sur le plan des mœurs, inaugure un nouveau style politique et s'attaque frontalement à quelques tabous turcs. La question kurde est aujourd'hui discutée quasi ouvertement en Turquie dans toute sa complexité et avec toutes ses contradictions, contradictions qui retardent évidemment l'émergence d'une nouvelle synthèse pacifique.
La question kurde, au-delà du traitement sécuritaire
Depuis la fondation de la République kémaliste, les Kurdes ont été repoussés dans le non-dit de la politique turque. Le processus d'assimilation centralisateur, considéré comme indispensable à l'accouchement d'une identité nationale turque homogène, n'est jamais parvenu à son terme, entre marginalisation et révoltes d'une ethnie kurde attachée à son identité[1]. " Minorité " qui représente environ 20 % de la population, elle n'est pas reconnue dans sa spécificité par le Traité de Lausanne qui a fixé en 1924 le statut protecteur des Arméniens, Grecs et Juifs, comme seules minorités officielles, héritage résiduel de l'Empire ottoman.
Le non-dit kurde pèse d'autant plus lourd aujourd'hui que, pour fuir les affrontements internes - le conflit entre la guérilla du PKK et l'armée turque a fait près de 30 000 morts et 400 000 déplacés entre 1984 et 1999 - et le sous-développement endémique du sud-est, les Kurdes ont largement émigré vers l'ouest. Istanbul est ainsi devenue la première ville kurde de Turquie et les côtes égéenne et méditerranéenne concentrent d'importantes populations kurdes. La question kurde est ainsi devenue une question nationale au sens territorial du terme.
La dimension internationale du problème tend également à se complexifier. La Turquie concentre près de la moitié des Kurdes dispersés au Moyen-Orient, les autres peuplements se trouvant en Irak, Iran et Syrie. La crainte du sécessionnisme kurde est l'un des aspects du " syndrome de Sèvres " persistant dans certains cercles du pouvoir turc[2]. La consolidation de l'autonomie des Kurdes d'Irak dans un cadre fédéral inquiète particulièrement l'armée turque, qui craint que le Kurdistan irakien n'encourage un soulèvement des Kurdes de Turquie. La guérilla du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) a effectivement installé ses bases arrières en Irak, d'où elle mène aujourd'hui des opérations de plus en plus fréquentes qui font régulièrement des morts en Turquie même ; l'aviation turque bombarde de son côté épisodiquement les positions du PKK en Irak. Autre volet international, l'émigration kurde en Europe de l'Ouest, d'origine à la fois politique et économique, a longtemps compliqué l'agenda des gouvernements turcs. Entre 700 000 et un million de Kurdes vivent en Europe, les deux tiers en Allemagne, pour la plupart de nationalité turque. Ces communautés kurdes émigrées sont très politisées et militent activement depuis les années 1980 pour la reconnaissance de leurs droits en Turquie. L'enjeu pour les Turcs est ici stratégique - le PKK trouve de forts appuis dans ces communautés de migrants - et d'image - la Turquie étant facilement décrite auprès des opinions européennes comme un pays bafouant les droits de l'homme[3].
Un traitement strictement sécuritaire de la question kurde a prévalu en Turquie pendant toute la durée des affrontements internes entre le PKK et l'armée. Lever le tabou kurde consisterait donc aujourd'hui avant tout à considérer que le problème peut et doit être traité autrement par l'Etat turc, dans toutes ses dimensions - y compris politique. En ce sens, le retour de la paix civile après 1999 permet une première évolution du sujet : on observe alors un début de reconnaissance des droits culturels des Kurdes, en même temps que s'affirme la vocation européenne de la Turquie.
L'effet kurde sur le scrutin local de mars 2009
Le climat de détente objective régnant au début de l'année 2009 a d'ailleurs autorisé une succession de transgressions symboliques qui permettent de mesurer le chemin parcouru. L'ambiance particulière de la campagne pour le scrutin local du 29 mars dernier pouvait presque faire espérer l'éclosion d'un " printemps kurde ".
Les Kurdes sont longtemps restés le bouc émissaire des partis traditionnels turcs lorsque ceux-ci mènent campagne. En 2007, le parti nationaliste MHP réclamait encore le rétablissement de la peine de mort (abolie en 2002)) pour Abdullah Öcalan, et prônait une intervention militaire contre les Kurdes dans le nord de l'Irak. Le contraste est donc saisissant lorsqu'en février 2009 Tayyip Erdoğan lui-même s'aventure à prononcer une phrase en kurde dans un meeting à Diyarbakır et affirme aux Kurdes qu'ils sont des " citoyens de première classe ". Ces libéralités rhétoriques ont sans doute encouragé Ahmet Türk, l'un des leaders du parti kurde DTP, à s'exprimer quelques jours plus tard en kurde à l'Assemblée nationale. La télévision publique qui retransmettait la session s'est alors contentée de couper le son ; en 1991, le même fait d'armes avait valu Leyla Zana d'échouer en prison avec trois de ses collègues. Autre temps, autre moeurs ?
On sait que le scrutin local de mars a été un semi-échec pour l'AKP : le parti a certes gagné les élections en remportant 39 % des suffrages, mais on est loin de la prouesse électorale des législatives de 2007 (46,6 %), et en dessous des résultats des précédentes municipales (41,6 % en 2004)[4]. Certains voient déjà dans ce scrutin la fin du " moment AKP ", avec un test national raté pour un Premier ministre toujours en recherche de légitimation plébiscitaire, et un retour de flamme de l'opposition traditionnelle du parti républicain CHP. Or ces élections ont surtout été marquées selon nous par la désaffection de l'électorat kurde, qui avait voté massivement pour l'AKP lors des précédentes élections. Cette fois-ci le DTP, faisant campagne sur une base ethno-nationaliste, a effectué une percée remarquable, doublant le nombre de municipalités qu'il contrôle par rapport à 2004, reprenant à l'AKP quelques fiefs importants dont Van et Siirt (ville dont Tayyip Erdoğan est le député), et l'empêchant absolument de s'emparer du bastion symbolique qu'il s'était donné pour cible : Diyarbakır.
Après une campagne tonique, qui avait révélé des pratiques clientélistes largement dénoncées par l'opposition - l'AKP ayant notamment été pris la main dans le sac en train de distribuer machines à laver et réfrigérateurs aux électeurs à Tunceli - les résultats électoraux démontrent donc que la popularité de l'équipe au pouvoir est en baisse dans les régions kurdes. Le facteur personnel et les solidarités claniques ont évidemment joué leur rôle dans de nombreuses localités. Le DTP a également capitalisé sur son image de parti intègre, rescapé des vagues de répression qui ont emporté les partis kurdes qui l'ont précédé. Rappelons que ce parti est fragile à plusieurs titres. Les 20 députés qu'il compte au Parlement ont été élus en 2007 comme candidats indépendants pour surmonter le barrage électoral des 10 % et se sont regroupés ensuite sur une base ethnique. Après quelques tractations occultes et inachevées pendant la campagne de 2007, tout rapprochement politique entre le DTP et l'AKP semble devenu impossible. Le DTP, qui a refusé de condamner publiquement les activités du PKK, est régulièrement accusé de dériver vers un nationalisme ethnique séparatiste ; il est sous le coup d'un procès en interdiction depuis novembre 2007, étant considéré comme un " foyer d'activités préjudiciables à l'indépendance de l'Etat et à son unité indivisible ".
L'AKP face aux Kurdes : une stratégie de cooptation
Les gains électoraux du DTP ont souligné de façon brutale les limites de la politique kurde de l'AKP. La question kurde a en effet reçu un traitement particulier de la part d'une équipe déterminée à bousculer les repères traditionnels de la vie politique turque. Mais la stratégie kurde de l'AKP reflète comme d'autres dossiers les ambigüités doctrinales du parti.
Plusieurs facteurs devaient logiquement amener l'AKP sur le terrain des Kurdes et l'encourager à tenter une nouvelle approche. La première motivation renvoie comme nous venons de le voir à la mathématique électorale : l'AKP a besoin des votes kurdes pour consolider son emprise sur le pays. Parti théoriquement islamiste, l'AKP présente en fait toutes les caractéristiques d'un catch all party. Il a su depuis sa création élargir constamment son audience à partir d'une base populaire conservatrice de centre droit, en s'appuyant sur la nouvelle bourgeoisie d'affaires anatolienne et en cooptant des membres de l'élite libérale stanbouliote. Il avait aussi progressivement séduit un électorat kurde finalement plutôt légitimiste à l'égard des institutions turques, en manque chronique de représentation et moins sensible depuis la trêve aux revendications politiques radicales des partis pro-kurdes. Notons que 70 des 340 députés AKP de l'actuelle l'Assemblée sont d'origine kurde. Pour s'enraciner sur le terreau kurde, le parti a pris soin en 2007 de recruter sur ses listes des politiciens kurdes rompus aux manœuvres locales, mais aussi des notabilités civiles encore vierges de toute compromission politique[5].
L'adoption de l'agenda européen a aussi certainement poussé l'AKP à dédramatiser la question kurde. Dans ce contexte favorable, l'équipe de Tayyip Erdoğan a conçu pour s'attacher les Kurdes une stratégie reposant sur trois piliers. Le développement économique tout d'abord : partant du principe que les écarts de développement territoriaux et la condition misérable des Kurdes entretiennent une violence endémique, le gouvernement se propose d'allouer une partie croissante des ressources de l'Etat turc au développement du Sud-est. La relance du grand projet de développement anatolien du GAP (Güneydoğu Anadolu Projesi) s'inscrit dans cette perspective. Sur le plan politique, l'AKP met la démocratisation au centre de son programme de rassemblement, en insistant sur l'équilibre des pouvoirs - l'armée doit être tenue à distance de la politique - et sur une égalité de droit réelle pour tous les citoyens turcs, y compris issus des minorités. Sur le plan culturel enfin, l'AKP poursuit la politique de libéralisation progressive de l'expression de l'identité kurde entamée par ses prédécesseurs, en introduisant quelques ruptures symboliques importantes. Le lancement de la télévision nationale en langue kurde TRT6 en janvier 2009 constitue en ce sens une étape de reconnaissance importante, même si ses programmes semblent plutôt anecdotiques et n'érodent sans doute guère l'audience de Roj TV[6].
Mais ce sont précisément les versants politique et culturel de la politique kurde de l'AKP qui apparaissent comme les plus ambigus. Pour éviter de flatter les revendications ethniques à dérive supposément sécessionnistes, le discours politique du Premier ministre en appelle régulièrement au sentiment religieux des Kurdes, mettant en avant la communauté d'appartenance musulmane. L'islamisation du discours politique s'est d'ailleurs révélée comme une tendance générale de la dernière campagne électorale, contaminant même le DTP dont la généalogie est pourtant strictement marxiste et laïque : pour reconquérir un électorat socialement très conservateur, le parti kurde a enrôlé des femmes voilées sur ses listes. L'appel à la religion comme ciment communautaire peut en tout état de cause facilement alimenter le soupçon de néo-ottomanisme autour de l'AKP, soupçon déjà agité par l'opposition sur d'autres sujets (la diplomatie notamment). En l'occurrence, pour certains analystes, un tel prisme idéologique interdirait précisément de traiter correctement le problème kurde : pris en étau entre kémalistes et nouveaux ottomans, les Kurdes n'auraient désormais aucune chance de voir leur identité reconnue officiellement et de façon pacifique[7].
Peut-on éviter un nouveau dérapage ?
La diplomatie représente certes un autre point d'évolution très important dans l'approche du problème kurde : après des mois d'avancées à petit pas, l'équipe de l'AKP a pris officiellement langue avec les autorités du Kurdistan irakien. L'apaisement sur les frontières et l'extension du soft power turc au Moyen-Orient sont deux des objectifs assumés du nouveau ministre des Affaires étrangères turc, Ahmet Davutoğlu. Le rapprochement avec les autorités kurdes d'Irak répond en fait à un intérêt économique - les hommes d'affaires turcs sont de plus en plus présents sur le difficile terrain irakien - et stratégique : lors de son voyage en Irak en mars dernier, Abdullah Gül a obtenu du président irakien Jalal Talabani, lui-même kurde, et du Premier ministre du Kurdistan irakien, Nechirvan Barzani, qu'ils désavouent le PKK et acceptent de coopérer pour sa neutralisation.
Ces avancées diplomatiques sont conditionnées par de délicats équilibres internes en Turquie même. La sensibilité de l'armée sur la question kurde reste en effet particulièrement difficile à accommoder. Comme sur bien d'autres sujets, le gouvernement semble donc contraint de naviguer à vue faute d'appuis suffisamment solides et de capacité d'anticipation sur des rapports de force politiques encore assez opaques. Sa marge de manœuvre est également limitée par l'hétérogénéité de la coalition populaire qui le soutien : le dossier kurde risque toujours d'être réglé à la marge, entre les exigences des nationalistes durs et les avancées difficiles à mesurer d'un islam militant qui inquiète l'Europe. Quelques dérapages rhétoriques du Premier ministre révèlent régulièrement les limites des intentions de l'AKP, ou sa difficulté à manœuvrer tactiquement dans un contexte aussi sensible. Un discours suffit parfois à mettre le feu aux poudres : en affirmant haut et fort en août 2008 à Diyarbakır que la Turquie connaît " une seule nation, un seul drapeau, un seul peuple, un seul Etat " et que " ceux qui ne sont pas d'accord avec ce principe peuvent quitter le pays ", Erdoğan avait entraîné des émeutes dans le sud-est et beaucoup d'inquiétude sur le plan national[8]. Plus récemment, des responsables du DTP ont été arrêtés en nombre à la suite d'opérations du PKK en Turquie. De façon générale, l'application effective des droits culturels théoriquement acquis par les Kurdes au cours des dernières années prête à controverse. L'Union européenne, dont on pourrait espérer qu'elle joue les garde-fous sur la question kurde, a peu de prise sur le dossier et semble de plus en plus impuissante à influencer le débat politique en Turquie à mesure que les négociations d'adhésion s'enlisent.
Le douloureux fait divers survenu début mai 2009 dans un village près de Mardin (une fusillade dans un mariage ayant fait 45 morts, comme résultat d'une vendetta villageoise) a de nouveau mis en lumière aux yeux du public turc les difficultés spécifiques du terroir kurde. Au-delà de la dimension militaire du problème - la recrudescence des activités du PKK jouant en faveur d'un retour du tout sécuritaire -, la difficulté à affronter le tabou kurde apparaît surtout aujourd'hui comme un révélateur de la fragilité du pacte politique et social turc. Si l'on se replace dans la perspective historique privilégiée par Hamit Bozarslan, on comprend que la gestion de la question kurde par l'Etat turc a toujours combiné une dose de coercition et une dose de distribution de biens, associée à des mécanismes intégrateurs. La cooptation des Kurdes n'est pas un phénomène nouveau, mais encore une fois cette politique tentée par l'AKP a buté sur une limite intrinsèque : le refus d'accepter une dose réelle de multiculturalisme, au risque de choquer le nationalisme sincère de la majorité de la population.
Deux chantiers essentiels pour les Kurdes devraient donc apparaître aujourd'hui sur l'agenda pour prouver la bonne foi de l'AKP à leur égard. Le premier de ces chantiers est matériel : en plus d'une stratégie de développement économique, il faut traiter de façon adéquate le problème des réfugiés et de la restitution des biens des personnes ayant souffert de déplacement forcé pendant les affrontements internes[9]. Le deuxième chantier est purement politique et a déjà été souvent évoqué sans concrétisation : c'est celui de la réforme constitutionnelle, qui pourrait envisager d'introduire une nouvelle définition de la citoyenneté, multiethnique et multiconfessionnelle.
[1] Sur l'histoire des Kurdes et leur rapport à la République kémaliste, voir classiquement Hamit Bozarslan, Histoire de la Turquie contemporaine, Paris, La Découverte, 2007 ; La question kurde, Presses de Sciences-Po, Paris, 1997.
[2] L'expression " syndrome de Sèvres " désigne le malaise collectif apparu en Turquie après la signature du Traité du même nom, qui actait en 1920 le démantèlement de l'Empire ottoman et ouvrait la voie au " dépeçage " de celui-ci par les puissances de l'Europe occidentale.
[3] Même si la cause kurde semble en perte de popularité auprès des opinions européennes, au bénéfice de nouveaux sujets tels que les droits des femmes.
[4] Pour évaluer la performance de l'AKP en tendance, on se reportera à l'article de Ismet Berkan qui analyse les résultats de la dynamique électorale turque sur trois ans en raisonnant en termes de parts de marchés des différents partis ; " Kim başarılı, kim başarısız? ", Radikal, 01/04/2009.
[5] Entretiens, groupe AKP de la GANT, février 2009.
[6] Télévision en langue kurde qui émet depuis le Danemark, considérée comme un canal de propagande du PKK, et dont le sort a été ouvertement discuté lors du marchandage pour la nomination de Anders Fogg Rasmussen comme Secrétaire général de l'OTAN.
[7] Ömer Taspinar, " Dancing with the Kurds ", Brookings Brief, 20 octobre 2008.
[8] Ayse Karabat, " Erdoğan's comment rattles Kurds in Diyarbakir ", Today's Zaman, 04/11/2008.
[9] Comme l'ont récemment souligné des intellectuels kurdes, dans un rapport publié par la fondation libérale stanbouliote TESEV : " A Roadmap for a Solution for the Kurdish Question : Policy Proposals from the Region for the Government ", Report by TESEV'S Democratization programme, 23/12/2008.
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