L'Algérie : ouverture ou statu quo ?
L'Algérie de 2004 est-elle réellement différente de celle qui prévalait avant les événements d'octobre 1988: système de parti unique, discrédit du politique, interrogation quant à l'ouverture du champ politique? Serait-elle davantage comparable à l'Algérie de la décennie 1970, caractérisée par une régime présidentiel fort?
Deux évenements importants ont pourtant considérablement modifié la donne tout en facilitant la réélection du président Bouteflika: les attentats du 11 septembre et leur corollaire qui est la lutte antiterroriste internationale, et la nette amélioration de la situation financière de l'Algérie.
Par ailleurs, la légitimité de ce mandat du président Bouteflika se jouera-t-elle sur le plan économique? En effet, les attentes quant à une réforme du système économique et financier sont grandes.
Naoufel Brahimi el Mili
Docteur en science politique, Naoufel Brahimi el Mili enseigne l’économie politique du monde arabe à l’Institut d’études politiques de Paris, et publie régulièrement ses analyses dans les médias français et algériens.
Saïd Djaafer
Diplômé en science politique, Saïd Djaafer est journaliste depuis 1984. Il est, depuis 1996, chroniqueur politique pour un média algérien.
Ihsane El Kadi
Diplômé d’économie politique, Ihsane El Kadi est journaliste indépendant à Alger. Engagé dans les luttes syndicales et démocratiques des années 1980, il a participé à la fondation du quotidien français La Tribune, qu’il a dirigé de 1994 à 1996.
Akram Ellyas
Journaliste au quotidien économique et financier parisien La Tribune, où il est spécialiste des questions d’économie internationale, Akram Ellyas a publié plusieurs ouvrages sur le Maghreb et prépare actuellement un essai sur la crise algérienne.
Khadija Mohsen-Finan
Docteur en science politique, Khadija Mohsen-Finan est chargée de recherche à l’Ifri et enseignante à l'Institut d'études politiques de Paris.
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Un Moyen-Orient entre guerres et recomposition
Dans un Moyen-Orient chaotique, la date du 7 octobre 2023 marque un tournant majeur qui peut conduire à un embrasement de toute la zone. La guerre à Gaza intervient dans une situation déjà en pleine évolution caractérisée par l’affirmation de l’autonomie stratégique de plusieurs puissances régionales de même que par un basculement géopolitique au profit de la Russie et de la Chine.
Iran et Israël : meilleurs ennemis
L’attaque de missiles iraniens sur le sol israélien le 13 avril 2024, suivie par une riposte d’Israël visant une base militaire proche d’un des principaux sites nucléaires iraniens, fut le point d’orgue d’une guerre multiforme qui oppose les deux pays depuis plusieurs décennies. Alors qu’Israël entretenait les meilleures relations, diplomatiques et même militaires, avec l’Iran du Shah Mohammad Reza Pahlavi, il est apparu très vite qu’il n’en serait pas de même avec la République islamique.
La France a-t-elle encore une politique arabe ?
Dès la fin de la guerre d’Algérie, la France a systématiquement repris contact avec les pays arabes qui avaient rompu les relations diplomatiques au moment de la malheureuse expédition de Suez de 1956. Ainsi se sont renouées ou nouées des relations actives et souvent confiantes, y compris avec des pays où elle était absente, comme les émirats du Golfe. Le président Chirac a voulu formaliser et conforter cette orientation lorsque le 6 mars 1996, à l’université du Caire, il a évoqué la « politique arabe et méditerranéenne » de la France. Par-delà quelques principes communs, il s’agissait naturellement d’une politique à géométrie variable selon les pays, avec la volonté d’être présent dans cet ensemble de pays qui sont nos voisins proches, situés dans une zone stratégique et dont d’importantes communautés vivent en France. Très tôt attachée à contribuer à la paix entre Israël et les pays arabes, la France prône une politique équilibrée entre le maintien de la sécurité d’Israël et le soutien du processus de paix israélo-palestinien qui donnerait le droit à l’autodétermination des Palestiniens et à la création d’un État. À cet égard, l’année 2007 représente une rupture due à l’arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy qui sur ce plan, comme sur d’autres, a pris le contre-pied de son prédécesseur. Depuis lors, la politique de la France dans cette région n’a plus la même priorité, réagit plus qu’elle n’agit et semble flotter entre une volonté de maintenir ses liens avec les pays arabes et une certaine complaisance à l’égard d’Israël.