Attaques houthistes en mer Rouge : pourquoi la France n’a pas participé aux frappes
Moyen-Orient. Les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont bombardé des sites militaires houthis au Yémen. Craignant une escalade, Paris s’en tient à une posture d’élimination des missiles ou des drones en cas d’attaque.
Il y a un mois, la marine française a été la deuxième à faire usage de ses armes contre la menace posée par les Houthis en mer Rouge, après la "Navy" des Etats-Unis. La frégate multi-missions (FREMM) Languedoc a ainsi abattu avec ses missiles Aster plusieurs drones pilotés par la milice rebelle, soutenue par l’Iran. Maîtresse du nord du Yémen, celle-ci a déclaré la guerre à Israël après le déclenchement de l’opération terrestre à Gaza et multiplie, depuis, les attaques au large de ses côtes contre des navires qu’ils estiment liés à Israël.
D’accord sur la nécessité d’assurer la protection des bateaux commerciaux passant par la mer Rouge, Paris et Washington divergent dorénavant dans leur réponse aux agressions houthis. Dans la nuit du 11 au 12 janvier, les Etats-Unis, en coordination avec le Royaume-Uni, ont mené des bombardements contre des radars et des infrastructures de drones et de missiles en territoire houthis. De son côté, la France, sollicitée en amont par ses alliés, a choisi de rester en dehors de cette campagne de frappes.
"Si la France avait pourtant les moyens de participer, au même titre que les Britanniques, elle n’a probablement pas voulu monter dans ce schéma d’escalade militaire avec les Houthis", explique Jérémy Bachelier, chercheur à l’Institut français des relations internationales (IFRI).
"Elle préfère certainement rester, à ce stade, dans le schéma antérieur d’escorte de bateaux naviguant en mer Rouge et d’assurance de la liberté de navigation, en n’hésitant pas intervenir pour faire face aux menaces qui se présentent, comme l’a fait la frégate Languedoc."
Une mission européenne à l’étude
Du côté de Paris, il y a la crainte que ces frappes de représailles contre les Houthis, loin de mener à une désescalade avec les forces houthis, se révèlent
contre-productives, a appris par ailleurs L’Express. Cette crainte fait écho à celle exprimée publiquement par l’Arabie saoudite. Celle-ci a indiqué suivre "avec beaucoup d’inquiétude les opérations militaires en mer Rouge et les frappes aériennes sur un certain nombre de sites" au Yémen, appelant "à la retenue et à éviter l’escalade". "Tous les intérêts américano-britanniques sont devenus des cibles", ont prévenu les autorités houthis après les bombardements.
La France apporte depuis plusieurs semaines son soutien à la coalition lancée mi-décembre par les Etats-Unis, "Gardien de la prospérité", où l’on trouve le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie, le Bahreïn, les Pays-Bas, la Grèce, la Norvège et le Danemark - c’est via ce dispositif qu’elle prend sa part dans les patrouilles en mer Rouge, quand elle n’escorte pas des navires français. Elle pourrait en revanche participer directement à la mission étudiée par des pays de l’Union européenne pour compléter celle sous leadership américain.
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