A Berlin, le début de la fin du chacun pour soi
De nombreux économistes et politiques allemands plaident pour des coronabonds à l’échelle européenne. « Nous sommes une communauté de destin. C’est ce que l’Europe doit prouver maintenant, en cette période de pandémie.»
Le discours d’Angela Merkel, jeudi matin devant le Bundestag, était particulièrement solennel. Surtout, a poursuivi la chancelière, l’Allemagne doit être prête, « dans un esprit de solidarité », à des « contributions beaucoup plus importantes » au budget de l’Union européenne face au coronavirus. Ce discours intervenait jeudi, juste avant le sommet des Vingt-Sept où la chancelière a réitéré son « nein » à la mutualisation des dettes. Mais si le gouvernement allemand parle d’une seule voix en matière de solidarité européenne, dans le pays, une autre musique se fait entendre. On l’a particulièrement vu fin mars, où des économistes de toutes obédiences se sont mis à prôner le recours aux « coronabonds ». Dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung, une tribune signée par sept économistes de renom affirmait que « les forts doivent aider les faibles », ajoutant : « C’est le moment où la communauté de destin, si souvent invoquée, doit montrer ce qu’est l’Europe. »
« Sur la question budgétaire, on peut dire que les lignes bougent légèrement, estime Paul Maurice, chercheur au Comité d’études des relations franco-allemandes (Cerfa), à l’Ifri. Lorsque Angela Merkel dit que l’Allemagne va contribuer davantage au budget européen, même Friedrich Merz, qui incarne pourtant une frange très libérale de la CDU (l'Union chrétienne-démocrate d'Allemagne), est d’accord ».
Pour autant, les Allemands ne sont pas encore prêts à briser tous les tabous.
« Ils restent opposés à l’idée de la mutualisation des dettes, poursuit le chercheur. Pour des raisons très diverses, et notamment de culture politique, voire d’histoire politique. Là-dessus, le consensus reste large. Cela restera une ligne rouge ».
>> Voir l'article sur le site de Libération et paru dans le n°12094-Version Papier du 25 et 26 avril 2020, p. 11 <<
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