De par le monde : Haro sur le libre-échange
AECG ou CETA, TTIP, ALENA, TPP ou les joies du libre-échange. La chronique de Laurence Nardon.
À l’issue du bref baroud d’honneur organisé par la Région wallonne, l’Accord économique et commercial global (AECG ou CETA en anglais) négocié par l’Union européenne et le Canada a été signé dimanche dernier. Le processus de ratification qui doit suivre ne sera sans doute pas sans heurts.
Les difficultés rencontrées par le CETA ne sont que le dernier signe d’un retournement de l’opinion à propos du bien-fondé des accords de libre-échange. C’est ainsi que, ces dernières années, on a vu les opinions allemande et française, entre autres, protester contre le Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP) discuté par l’Union et les États-Unis. Elles dénonçaient l’abaissement des standards européens en matière de santé et d’environnement contenu à leurs yeux dans le projet, ainsi que le secret excessif entourant les discussions. Depuis quelques semaines, les négociations sont d’ailleurs à l’arrêt.
Mesures protectionnistes
Le temps où le libre-échange était considéré comme une panacée qui allait apporter la prospérité à tous semble révolu. La pensée économique « mainstream » admet désormais que si les accords de libre-échange passés par l’OMC ou dans des cadres régionaux ont permis l’émergence d’une vraie classe moyenne dans les pays en développement, ils ont mis au chômage les classes populaires des pays développés, dont les usines ont été délocalisées. Dans nos pays, ce sont les dirigeants d’entreprise, leurs avocats et leurs courtiers qui se sont enrichis (en guise d’illustration de ce point de vue, il faut aller voir l’hilarant documentaire Merci Patron ! signé François Ruffin et sorti en février 2016).
Preuve supplémentaire de ce retournement, les deux candidats à l’élection présidentielle américaine ont adopté des positions hostiles aux accords de libre-échange pour séduire les électeurs inquiets des classes moyennes. Donald Trump tire à boulets rouges sur l’ALENA, accord de libre-échange entre le Mexique, les États-Unis et le Canada entré en vigueur en 1994, et déclare vouloir instaurer des mesures protectionnistes dès le premier jour de son éventuel mandat ; Hillary Clinton a dénoncé pour sa part le texte du Partenariat TransPacifique (TPP), négocié par les États-Unis et 11 pays d’Asie, d’Amérique latine et d’Océanie.
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