Elon Musk, Jeff Bezos, lanceurs, satellites... La conquête de l'Espace, le nouveau Far West
Après des décennies de règne, Etats, industriels et agences voient les acteurs du "New Space" prendre une part toujours plus grande dans la conquête de l'espace.
C'est le vol de tous les symboles. Pour Thomas Pesquet, qui effectue à partir du 22 avril une seconde mission de longue durée (six mois) à bord de la Station spatiale internationale (ISS), un record, quatre ans après son premier séjour, qu'il aborde non sans appréhension. Pour la France, puisqu'il a été nommé commandant du complexe orbital (une première). Et pour Elon Musk, le patron milliardaire de SpaceX, qui impose définitivement sa capsule Crew Dragon comme l'unique moyen occidental d'accès humain à l'espace.
Une fierté immense pour les Etats-Unis après dix années d'humiliation, puisqu'ils devaient faire appel au vaisseau russe Soyouz pour envoyer leurs astronautes vers le firmament. Plus qu'un symbole, le Dragon est la démonstration implacable que Musk a tout écrasé sur son passage : les nations, notamment les Etats-Unis et les pays européens, les agences spatiales ainsi que les industriels historiques du secteur, qui se sont révélés incapables de développer un tel engin.
Les recettes du New Space
Comme si la prophétie du prétentieux et fantasque entrepreneur sud-africain s'était réalisée. En 2006, durant un congrès international réunissant tout le gotha du milieu aéronautique, c'est ainsi qu'il vint présenter ses projets : "Je m'appelle Elon Musk. Je suis le fondateur de SpaceX, et dans cinq ans vous êtes tous morts." A l'époque, l'Agence spatiale américaine (Nasa) ne lui a même pas encore confié la tâche de concevoir un vaisseau pour ravitailler l'ISS (elle le fera en 2008). Pis, sa société, créée en 2002, compte alors un modeste bilan (trois échecs et un succès pour le lanceur Falcon 1).
Mais déjà Musk sait où il va. Sa recette ?
- "Se fixer de grands objectifs - il compte déjà aller sur Mars -, avec de nouvelles méthodes (procédés, matériaux) et surtout un management à mille lieues des acteurs de l''Old Space', à savoir une production des éléments de sa fusée en flux tendu (en série), un assemblage à l'horizontal, le tout sur un même site, détaille Eric-André Martin, de l'Institut français des relations internationales (Ifri). Avec un objectif : faire baisser drastiquement les coûts de fabrication." Sans oublier la pierre angulaire de la stratégie de SpaceX : concevoir un engin réutilisable qui décolle et se pose à la verticale.
Aujourd'hui la firme est la seule à maîtriser parfaitement ces technologies : moteurs, poussée modulable, retour dans l'atmosphère, contrôle des trajectoires, atterrissage en douceur et, entre chaque campagne, remise en état de l'étage réutilisable en un temps record. La preuve : les 4, 11, 14 et 24 mars derniers, elle a procédé à quatre tirs de Falcon 9, ce qui porte désormais à 114 le nombre de lancements depuis son inauguration officielle en juin 2010. Et le 14 mars elle utilisait le même premier étage du Falcon pour la neuvième fois ! "Cet enchaînement de records reste inédit dans l'histoire de l'aéronautique, mais n'oublions pas qu'Elon Musk demeure un sous-traitant de la Nasa et du département américain de la Défense, et qu'à ce titre, même s'il aime à se présenter comme un capitaine d'industrie libertarien, il n'aurait jamais connu un tel succès sans avoir été ultrasubventionné" (au moins 10 milliards de dollars selon certaines estimations), souligne Alain De Neve, chercheur à l'Institut royal supérieur de défense (Belgique).
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