En Chine, la stratégie « zéro Covid » de Xi Jinping a fait dérailler l’économie
Alors que la France et la plupart des pays occidentaux ont appris à vivre avec le Covid, la Chine continue d’appliquer des restrictions draconiennes envers sa population.
Bilan très mitigé pour Xi Jinping et son inflexible modèle « zéro Covid », à contre-courant du reste du monde. Ce dimanche 16 octobre s’ouvre le congrès du Parti communiste chinois, un événement lors duquel le président devrait obtenir un troisième mandat inédit de Secrétaire général du PCC. C’est aussi l’occasion de faire le point sur la politique « zéro Covid » initiée il y a presque trois ans par Pékin. Ceci alors que le pays est confronté à la pire flambée de cas à l’échelle nationale depuis début septembre.
Alors que la France et la plupart des pays occidentaux ont appris à vivre avec le Covid, encaissant du mieux possible les vagues épidémiques successives sans confinement, la Chine continue, elle, d’appliquer des restrictions draconiennes envers sa population.
Une politique que Pékin n’est pas près de modifier, si l’on en croit le journal du Parti communiste chinois (PCC) au pouvoir, le Quotidien du Peuple. Mercredi 12 octobre, celui-ci a affirmé que « fléchir » face au virus « n’a aucun avenir » et qu’un assouplissement des mesures pourrait submerger le système médical chinois et entraîner de nouvelles mutations du virus.
Pourtant, cette ligne de conduite a-t-elle vraiment porté ses fruits et est-elle la meilleure option comme le clame Pékin ?
« Tout dépend sur quels critères on se base », nous répond Marc Julienne, responsable des activités Chine à l’Ifri. Car si le volet sanitaire donne matière à débat, le volet économique fait, lui, l’objet d’un consensus : la politique « zéro Covid » a eu un effet catastrophique.
L’économie chinoise sacrifiée sur l’autel du Covid
Placement en quarantaine des personnes testées positives, confinements ciblés, tests PCR généralisés et obligatoires, restrictions de déplacements… À ce jour, 100 millions de Chinois sont toujours confinés, souligne auprès du HuffPost Anne Sénéquier, médecin et chercheur à l’Iris.
À la question « alors, est-ce que ça vaut le coup ? » l’experte rappelle qu’en près de trois ans de Covid, la Chine, qui a la première population mondiale avec plus d’un milliard et quatre cents millions de personnes, a déclaré officiellement 27 000 décès, dont une majorité sur cette année 2022 à cause d’Omicron. « Même s’il est fort probable qu’il y en ait un petit peu plus en réalité, on reste loin des 152 000 décès en France. Donc quand on compare à d’autres pays le nombre de décès stricto sensu, on peut dire que oui, cette politique a fonctionné », nous explique-t-elle.
Mais à quel prix ? En voulant absolument éviter la hausse des contaminations, la Chine a sacrifié son économie sur l’autel du Covid. Milliers d’entreprises fermées inopinément, tourisme en berne, ports et usines arrêtées ou au ralenti, chaînes de production perturbées, chômage en hausse… Et tout cela par à-coups répétés depuis des mois. L’économie chinoise n’est certes pas positive, mais elle est souffrante.
Exemple parlant : en mars 2022 le Premier Ministre chinois avait annoncé un objectif de croissance du PIB de 5,5 %.
« Mais au mois de septembre, la banque mondiale a prévu une croissance chinoise cette année de seulement 2,8 %. Pour un pays comme celui-ci avec les inégalités de développement qu’il connaît, c’est extrêmement peu », souligne Marc Julienne.
L’objectif que Pékin s’est fixé est encore très loin.
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Un modèle à bout de souffle, mais une légitimité à préserver
Un modèle à bout de souffle vis-à-vis d’Omicron et ses sous-variants, mortel pour l’économie du pays et qui sape la confiance de la population… Reste à se demander pourquoi Xi Jinping tient tant à le maintenir.
Marc Julienne, qui évoque une éventuelle « volonté de renforcer toujours davantage la surveillance de la population chinoise », surtout juste avant le Congrès, rappelle également les enjeux idéologiques de la stratégie « zéro covid » de Pékin.
Car la Chine vante les vertus de ce modèle depuis le début de la crise, en opposition aux politiques occidentales qu’elle juge sur le déclin. Ainsi, avouer ses failles et changer de tactique reviendrait à un aveu d’échec.
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