En Chine, l’économie tourne au ralenti
La croissance attendue de l’empire du Milieu est revue à la baisse. Les marchés immobiliers et de l’emploi traversent une crise. Le tout dans un contexte où la moitié ouest du pays connaît un épisode de sécheresse sans précédent.
La politique zéro Covid a-t-elle tué la croissance chinoise ? L’objectif de croissance de 5,5 % fixé par Pékin est remis en cause. Selon les prévisions de la Banque mondiale, la croissance prévue pour 2022 est de 4,3 %. Les prévisions économiques n’annoncent pas, pour l’instant du moins, une reprise significative pour ces deux prochaines années. La Banque mondiale table autour de 5 % pour les années 2023 et 2024.
Cette situation économique dégradée s’explique par différents facteurs, selon Marc Julienne, chercheur au centre Asie de l’Ifri, responsable des activités Chine :
« Des choix politiques avec la politique “zéro Covid”, la succession des confinements stricts et la relative fermeture du pays ; un facteur conjoncturel avec la sécheresse, qui entrave la production industrielle dans l’ouest du pays, tandis que la démographie vieillissante du pays n’arrange pas la situation à long terme. »
Chômage élevé
Les chiffres officiels annoncent un chômage élevé, toutes tranches d’âges confondues. Mais c’est chez les jeunes que la situation est particulièrement préoccupante. Près de 20 % des 16-24 ans seraient concernés. Du jamais-vu depuis quarante ans. La faute à « un marché de l’emploi saturé dans le secteur des services, en défaveur des jeunes diplômés », explique Marc Julienne. Près de 11 millions de nouveaux diplômés sont arrivés sur le marché du travail cet été dans une économie au ralenti.
Sur le marché de l’immobilier aussi, la situation est critique. Le secteur pèserait entre 25 et 30 % du PIB chinois. Or les promoteurs se heurtent aux politiques du gouvernement de limitation de l’endettement pour endiguer celui du secteur, colossal. Nombreux sont ceux qui se retrouvent dans l’incapacité de livrer les logements achetés sur plan par les ménages chinois.
« L’immobilier a longtemps été considéré comme une valeur refuge pour les ménages. Ils y ont investi massivement, abonde Marc Julienne. Aujourd’hui, les retards de livraison sont très longs, et des conglomérats sont au bord de la faillite. »
C’est le cas du géant Evergrande, endetté d’environ 300 milliards de dollars. Récemment, certains ménages chinois ont refusé de payer des mensualités pour des logements en retard ou menacés de n’être jamais finis.
« Grâce à la croissance économique exponentielle, la population chinoise a prospéré. Sans cette croissance, il y a un risque majeur d’appauvrissement de la population », explique Marc Julienne. La demande intérieure s’érode.
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Et il y a de quoi s’interroger sur les perspectives. « Xi Jinping a bien expliqué qu’il ne dérogerait pas à la politique stricte du zéro Covid », souligne Marc Julienne. Dans une note interne publiée dans la presse chinoise, Ren Zhengfei, le fondateur et patron de Huawei, géant des smartphones et des télécoms, s’est montré pessimiste pour le futur. Selon lui, le « principal objectif » de l’entreprise chinoise est désormais d'assurer sa « survie ».
>> Retrouver l'article en intégralité sur le site de La Croix.
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