Entre Daech et le Hamas, « les différences sont majeures »
Chercheuse au Centre des études de sécurité, au sein du think tank de l’Institut français des relations internationales (Ifri), Héloïse Fayet a publié l’an dernier une étude sur la « posture stratégique » de la France au Moyen-Orient, dans laquelle elle appelait à dépasser une « focale contre-terroriste ». Dans cet entretien, elle souligne que la mise en équivalence de tous les groupes dits « terroristes » de la région n’a pas de véritable pertinence stratégique.
La proposition de « coalition » d’Emmanuel Macron suggère une mise en équivalence de l’État islamique (Daech) et du Hamas, qui partageraient une idéologie islamiste et des moyens d’actions terroristes. Mais peut-on vraiment traiter ces deux organisations de la même manière ?
"Une extension du mandat de la coalition [contre Daech] paraît extrêmement improbable."
Il y a en fait deux coalitions. L’une est très large et politique. Dénommée en anglais The Global Coalition against Daesh, elle rassemble 86 partenaires, parmi lesquels l’Union européenne et l’Alliance atlantique, ainsi que des pays comme le Qatar et l’Arabie saoudite. Son objectif est de s’attaquer aux financements de Daech, et de soutenir la reconstruction des territoires libérés de sa domination.
L’autre est plus restreinte et militaire. Dénommée en anglais Combined Joint Task Force – Operation Inherent Resolve, elle rassemble une vingtaine de pays engagés dans un combat armé contre cette organisation, et dans le soutien aux forces irakiennes qui lui font face. L’opération Chammal en est la déclinaison française.
Le problème, c’est qu’on ne sait pas trop de quelle coalition a parlé Emmanuel Macron, et les explications ultérieures de l’Élysée n’ont pas véritablement permis d’éclaircir ce point.
L’Élysée s’est en effet sentie obligée de préciser les propos du président de la République. Finalement, il s’agirait de « s’inspirer » de la coalition contre Daech. Mais cela rend-il le projet plus compréhensible ou pertinent ?
L’idée de base consiste à tirer les leçons de la lutte contre Daech, pour les appliquer contre d’autres groupes terroristes. L’Élysée a écarté la piste d’une extension du mandat de la coalition existante, tant elle paraît extrêmement improbable. Le mandat actuel dépend en effet de plusieurs résolutions des Nations unies, et l’on n’imagine pas qu’en étant réorienté contre le Hamas, il puisse recueillir les mêmes soutiens (comme celui du Qatar), sans parler des blocages actuels du Conseil de sécurité.
Dans la même prise de parole d’Emmanuel Macron, on trouvait d’ailleurs déjà l’idée de « bâtir une coalition », qu’on suppose donc nouvelle. En rencontrant Mahmoud Abbas [le dirigeant de l’Autorité palestinienne, en rivalité avec le Hamas – ndlr], il a même parlé d’une simple « coopération », qui ne suppose pas la même exigence en termes de légalité internationale.
Mais dans tous les cas, cela pose le problème de l’aide concrète que d’autres pays pourraient apporter à Israël, qui est pourtant habitué à faire face au Hamas depuis trente ans. Et encore une fois, les groupes dont on parle sont en réalité très différents.
L’idée de base consiste à tirer les leçons de la lutte contre Daech, pour les appliquer contre d’autres groupes terroristes. L’Élysée a écarté la piste d’une extension du mandat de la coalition existante, tant elle paraît extrêmement improbable. Le mandat actuel dépend en effet de plusieurs résolutions des Nations unies, et l’on n’imagine pas qu’en étant réorienté contre le Hamas, il puisse recueillir les mêmes soutiens (comme celui du Qatar), sans parler des blocages actuels du Conseil de sécurité.
Dans la même prise de parole d’Emmanuel Macron, on trouvait d’ailleurs déjà l’idée de « bâtir une coalition », qu’on suppose donc nouvelle. En rencontrant Mahmoud Abbas [le dirigeant de l’Autorité palestinienne, en rivalité avec le Hamas – ndlr], il a même parlé d’une simple « coopération », qui ne suppose pas la même exigence en termes de légalité internationale.
Mais dans tous les cas, cela pose le problème de l’aide concrète que d’autres pays pourraient apporter à Israël, qui est pourtant habitué à faire face au Hamas depuis trente ans. Et encore une fois, les groupes dont on parle sont en réalité très différents.
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