Gaz russe : le transit par l'Ukraine, nécessité coûteuse pour l'Europe ?
Discussions difficiles entre l’Union Européenne, l’Ukraine et la Russie sur l’avenir des livraisons de gaz russe… Les négociations de ce week-end ont tourné court et l’UE court un risque pour son approvisionnement ?
Le Vice Président de la Commission Européenne chargé de l’énergie Maros Sefcovic ne cachait pas sa déception hier : aucun accord n’a été trouvé entre Naftogaz et Gazprom sur le renouvellement du contrat de livraisons de gaz russe via l’Ukraine pour les 10 prochaines années.
L’actuel contrat arrive à échéance à la fin de l'année et l'UE souhaite laisser à l'Ukraine un rôle prééminent dans la distribution gazière. Ce transit par l’Ukraine stratégique (environ ½ des 170 milliards de m3 de gaz transférés de Russie l’année dernière), également vital pour Kiev qui reçoit en contrepartie 3 milliards de dollars par an ; mais il se trouve affaibli dans les nouvelles routes gazières que construit la Russie vers l'Europe.
Moscou va mettre en service d’ici 2020-2021 trois nouveau gazoducs vers l’Union Européenne : Nordstream 2 en Baltique et les deux Turkish Stream en Mer Noire. Depuis un an l’UE demande à la Russie un volume de transit de 60 milliards de m3 par an, voire jusqu’à 90 milliards certaines années. C'est trop pour Moscou qui doit rentabiliser ses nouvelles installations, explique Marc Antoine Eyl-Mazzega, Directeur du Centre Énergie & Climat de l'Ifri.
Gazprom avait tenté de proposer un renouvellement sur un an du contrat ou un contrat global où l’Ukraine s’engage à consommer un certain volume ; mais l’UE n’en veut pas.
Les négociations doivent reprendre en novembre. Si elles échouent encore, la Russie a la possibilité de couper ses livraisons à l’Ukraine comme cela a été le cas en 2006, 2009, 2014 et 2015. Fermer les vannes est plus un moyen de pression sur l’Ukraine que sur l'Europe dont 36 % du gaz consommé est russe. Le risque de renchérissement du gaz en cas de coupure est réelle, celui d'une pénurie est cependant faible selon les analystes, les stocks européens sont pleins.
> Écouter l'interview sur France Culture
Média
Partager