Si elle est loin d’être totale, la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine vient de franchir un cap important. Après l’annonce, lundi, d’une nouvelle hausse de 10 % des droits de douane américains à l’encontre de tous les produits chinois entrant sur le sol des États-Unis, Pékin a riposté mardi.

Il a décidé de taxer à hauteur de 15 % le poulet, le blé, le maïs et le coton américains. Il va également augmenter de 10 % les droits de douane pour le soja, le sorgho, le porc, le bœuf et les produits laitiers, entre autres produits agricoles, en provenance des Etats-Unis. Ces hausses d’une valeur de 21 milliards de dollars doivent entrer en vigueur lundi, selon le ministère chinois des Finances. Elles s’ajoutent à une précédente riposte de Pékin à une première salve de taxes de Washington, début février, évaluées à 15 milliards de dollars d’échanges commerciaux.
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La Chine garde donc des munitions en réserve. Elle sait que les produits agricoles américains constituent un levier important de pression. En 2018, après des mesures décidées par Trump, Pékin avait répliqué avec des droits de douane sur le soja, le tabac, en passant par le coton qui avaient frappé de plein fouet les agriculteurs des Etats pourvoyeurs d’électeurs au milliardaire Maga. Dans le même temps, la Chine reste vigilante sur ses exportations, véritable moteur de croissance de la deuxième économie de la planète. « Elles sont cruciales pour écouler les surcapacités chinoises et soutenir la croissance, surtout dans le cadre d’un ralentissement économique du pays et d’une consommation atone, note Marc Julienne, directeur du Centre Asie de l’Ifri. Donald Trump l’a d’ailleurs bien compris en frappant les exportations chinoises, le talon d’Achille du pays, surtout depuis que la construction immobilière – l’autre pilier économique – est quasiment à l’arrêt.» Trump s’est toujours appliqué à frapper les points de faiblesse de la Chine.

« En ce sens, il s’inscrit dans la rivalité stratégique qui existe entre les deux premières puissances de la planète depuis la présidence de Barack Obama et le pivot vers l’Asie, rappelle le chercheur. Je ne serais pas surpris qu’il augmente encore la pression et intensifie la guerre commerciale et technologique qu’il a lancée lors de son premier mandat.» La session annuelle de l’Assemblée nationale populaire qui démarre ce mercredi à Pékin pourrait fournir une indication sur les priorités du pouvoir chinois. 

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