Huawei, les frégates, les espions... Tensions et dossiers chauds entre Paris et Pékin
Tensions en mer de Chine, Huawei, coronavirus... La Chine et la France entretiennent une relation tumultueuse, au sein de laquelle Paris peine à faire entendre sa voix.
C'est un exemple parmi tant d'autres. Le 12 mai dernier, la Chine exhortait la France à "annuler" un contrat d'armement de 25 millions d'euros signé avec Taïwan. En réponse, le Quai d'Orsay invitait Pékin à se concentrer sur la gestion de la crise du coronavirus, tout en affirmant être dans son droit. Les relations franco-chinoises, bien que bonnes en apparence, ont rencontré de nombreux points de friction ces dernières années. "Les relations entre la Chine et la France sont assez ambiguës. Officiellement, elles vont bien, si on écoute Jean-Yves Le Drian et aussi le président Macron. On voit bien, de manière très pratique, qu'il y a néanmoins beaucoup de tensions", abonde Marc Julienne, chercheur au Centre Asie de l'Institut français des relations internationales (IFRI).
L'élection d'Emmanuel Macron n'a pas fait bouger les lignes. Le chef de l'Etat avait pourtant convié Xi Jinping à l'Elysée en mars 2019 avec Angela Merkel et l'ancien président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, avant de se rendre sept mois plus tard en Chine avec la ministre allemande de l'Éducation et de la Recherche, Anja Karliczek, et le Commissaire européen à l'Agriculture de l'époque, Phil Hogan, devenu par la suite commissaire européen au Commerce.
La France ne semble donc pas vouloir avancer sans ses voisins européens face à la Chine. "Il n'y aura pas de politique chinoise de la France sans une politique chinoise de l'Europe. Emmanuel Macron a toujours inscrit sa politique à l'égard de la Chine dans une démarche très européenne", résume Marc Julienne. Cependant, le chef de l'Etat français s'était interrogé sur l'action de la Chine dans la gestion de l'épidémie de coronavirus, contrevenant à ses précédentes prises de position à l'égard de Pékin. "Il y a manifestement des choses qui se sont passées qu'on ne sait pas", avait-il déclaré dans une interview au Financial Times.
La France encore trop floue au sujet de Huawei
Les débats autour de l'implantation de Huawei en Europe pour le futur réseau 5G en sont le parfait exemple. La France n'a pour l'instant pas de politique claire à l'égard du géant des télécoms chinois. Dans une interview aux Echos, le directeur de l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (Anssi), Guillaume Poupard, a néanmoins fait savoir "qu'il n'y aurait pas un bannissement total" d'Huawei pour la 5G en France. Les derniers arbitrages devraient avoir lieu d'ici septembre, date des enchères pour l'attribution des nouvelles fréquences.
Pour Marc Julienne, "la politique française à l'égard de la Chine n'est pas lisible, il n'y a pas de doctrine". Pour autant, le chercheur de l'IFRI estime que Paris a une carte à jouer. "Ce n'est pas en prenant parti et en affirmant certaines valeurs que l'on s'aliène la Chine. En étant ferme sur ses principes et ses idées, on paraîtrait comme un acteur plus responsable", ajoute-t-il. Après l'instauration par la Chine d'une loi sécuritaire à Hongkong, la France n'a pour l'instant pas pris position, se rangeant derrière l'Union européenne qui a exhorté Pékin à respecter l'autonomie de l'ancienne colonie britannique. "Si la France dit quelque chose, elle va se faire gifler par les Chinois. Cela donnerait un prétexte à la Chine pour attaquer la France", assure Jean-Vincent Brisset.
Une position pas toujours statique
La France ne reste cependant par toujours statique face aux actions de la Chine. Elle garde un oeil attentif sur la situation en mer de Chine du Sud, où Pékin a récemment accéléré ses manoeuvres militaires. "La France est une puissance maritime et navale. Elle a des territoires dans l'Océan indien et le Pacifique sud. Pour elle, la liberté de circulation maritime doit être respectée, c'est pour cette raison que la marine française navigue régulièrement en mer de Chine méridionale", explique Marc Julienne.
Retrouver l'article dans son intégralité sur le site de L'Express.
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