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Indo-Pacifique : face aux enjeux géopolitiques, la France doit prendre sa part

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La montée des tensions en mer Rouge illustre l’importance stratégique de l’Indo-Pacifique. D’autant que c’est aussi l’arène où se joue le futur ordre mondial façonné par la rivalité sino-américaine. Malgré ses petits moyens dans la région, la France doit prendre part aux efforts de dissuasion, souligne notre éditorialiste Marc Semo.

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Son nom Bab el-Mandeb signifie en arabe « la porte des lamentations ». Ce détroit à l’entrée sud-ouest de la mer Rouge est l’un des verrous stratégiques de la grande autoroute du commerce maritime mondial entre l’Asie et l’Europe via le canal de Suez. Par là transitent aussi bien les pétroliers venant du Golfe que les porte-conteneurs partis des ports chinois ou indiens. L’annonce par Washington, le 18 décembre, de la création d’une coalition internationale au nom éloquent de « gardiens de la prospérité » qui réunit déjà dix pays dont la France et le Royaume-Uni, illustre s’il en était besoin l’enjeu stratégique de cette zone.Son nom Bab el-Mandeb signifie en arabe « la porte des lamentations ». Ce détroit à l’entrée sud-ouest de la mer Rouge est l’un des verrous stratégiques de la grande autoroute du commerce maritime mondial entre l’Asie et l’Europe via le canal de Suez. Par là transitent aussi bien les pétroliers venant du Golfe que les porte-conteneurs partis des ports chinois ou indiens. L’annonce par Washington, le 18 décembre, de la création d’une coalition internationale au nom éloquent de « gardiens de la prospérité » qui réunit déjà dix pays dont la France et le Royaume-Uni, illustre s’il en était besoin l’enjeu stratégique de cette zone.

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« La France est un pays indo-pacifique à part entière »

Trois mois plus tôt, c’était le chef de l’État lui-même qui avait effectué en juillet une tournée historique dans le Pacifique sud privilégiant les pays plus modestes comme le Vanuatu qui refusent de s’aligner sur les Etats-Unis ou sur la Chine. Par là même, ils sont les interlocuteurs privilégiés d’une France qui se veut une « puissance d’équilibre (s) » dans la région. Paris veut incarner « une troisième voie » tout en récusant toute forme d’équidistance entre Washington et Pékin. Cette position n’est pas toujours bien comprise par les partenaires et alliés qui la jugent ambiguë.

« La France est un pays indo-pacifique à part entière », rappelle Antoine Bondaz, spécialiste de l’Asie à la Fondation pour la Recherche Stratégique. Elle y dispose d’intérêts souverains et pas des moindres. Elle est même la seule dans ce cas au sein de l’Union européenne. En effet, 7 des 13 départements, régions et collectivités d’outre-mer français sont situés dans l’océan Indien, dont La Réunion, Mayotte et les terres australes, ou dans le Pacifique, comme notamment la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie. Plus d’un million et demi de citoyens français vivent dans ces territoires. En outre 90 % de la zone économique exclusive en mer de la France – le second domaine maritime au monde – est situé dans l’Indo-Pacifique.

Des moyens limités

C’est aussi un théâtre d’opérations quotidien pour l’armée française avec cinq commandements dans la région. L’enjeu géopolitique est donc crucial. La nouvelle Loi de Programmation militaire 2024-2030 prévoit une rallonge de 13 milliards d’euros mais cela reste bien peu. Il n’y a en tout que 7 000 hommes en permanence déployés sur cette zone qui est immense et une demi-douzaine d’unités navales vieillissantes.

« Les capacités de patrouilles maritimes représentent à peu près l’équivalent de deux voitures de police pour surveiller le territoire de la France », relèvent, cinglants, Jérémy Bachelier et Céline Pajon dans un rapport très détaillé pour l’IFRI (Institut Français des Relations Internationales) soulignant « qu’en dépit d’une rhétorique politique faisant de l’Indo-Pacifique une priorité, les ressources mobilisables par la France demeurent très limitées ».

Or les foyers de crise dans cet espace sont toujours plus nombreux avec quatre zones à très haut risque : le détroit de Taïwan, la mer de Chine méridionale, le pourtour de la péninsule coréenne et le nord de l’océan Indien avec le défi iranien.

Bien sûr, l’effort principal de dissuasion et de riposte en Indo-Pacifique repose essentiellement sur Washington mais Paris, même avec ses petits moyens doit aussi prendre sa part pour rester crédible. Cela veut dire aussi assumer des priorités. « Dans Indo-Pacifique, l’Indo est plus important que le Pacifique car dans cette zone de l’océan Indien, il y a plus de ressortissants français, plus de voies commerciales essentielles et surtout nous y avons plus de leviers d’actions et de projection rapide », analyse Antoine Bondaz. Une réalité qui vient rappeler les accrochages en mer Rouge et au nord-ouest de l’océan Indien où la France dispose aussi de bases à Djibouti et dans les Emirats.

 

> Lire l'article sur le site de Challenges

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Jérémy BACHELIER

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Ancien Chercheur, Centre des études de sécurité de l’Ifri

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Céline PAJON

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Chercheuse, responsable de la recherche Japon et Indo-Pacifique, Centre Asie de l'Ifri

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