Les négociations s’étirent en longueur mais aucune des parties ne semble croire désormais en leur chance de succès. L’Iran cherche à éviter la rupture des discussions à Vienne tout en poursuivant son programme nucléaire : son niveau de production d’uranium enrichi et de connaissances techniques a spectaculairement raccourci le délai de fabrication d’une bombe nucléaire. 

Bordée de sanctions

Jeudi 9 décembre, la Maison Blanche a annoncé préparer de nouvelles sanctions et d’autres mesures en cas d’échec. Les Européens ne cachent plus leur scepticisme, la Russie et la Chine restent officiellement muets. L’accord de 2015 est mort – il vivotait depuis le retrait unilatéral des Etats-Unis en 2018 et la bordée de sanctions commerciales déclenchées par Donald Trump pour étrangler le régime iranien. Il n’y est pas parvenu. 

Le pouvoir des ultraconservateurs s’est encore renforcé à Téhéran, mais l’économie est en faillite et la population s’appauvrit. A ce stade, aucune des parties prenantes aux négociations ne veut assumer la responsabilité politique d’un échec. De son côté Israël, en première ligne, hausse le ton et veut des mesures concrètes - son premier ministre Naftali Bennett en avertit ouvertement Washington. 

Comment Joe Biden va-t-il répondre ? Peut-il continuer à se désengager du Moyen Orient alors que la région est au bord d’une crise ouverte ? Quelles réactions attendre des pays du Golfe, qui renouent prudemment avec Téhéran ? La Chine achète son pétrole à l’Iran, la Russie veille à ses intérêts, le consensus avec les Occidentaux s’est-il évanoui ? Au delà des enjeux de prolifération nucléaire, s’agit-il d’un tournant géopolitique majeur – un de plus en cette fin d’année tourmentée ? 

• Héloïse Fayet
  Chercheuse au Centre des études de sécurité de l’IFRI, notamment intégrée au programme Dissuasion et prolifération du Centre
• Clément Therme
  chercheur associé à l'Institut universitaire européen de Florence
• Annick Cizel
  Enseignante-chercheuse spécialiste de politique étrangère américaine à l’Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3.
• Thierry Coville

  chercheur à l’IRIS, spécialiste de l’Iran