La Chine dans les îles du Pacifique : un sujet français
Paris est directement concerné par la confrontation sino-américaine dans les îles du Pacifique Sud, après l’accord sécuritaire entre Pékin et les îles Salomon.
Les visites s’enchaînent comme autant de « premières » depuis des décennies : en multipliant les déplacements de haut niveau dans le Pacifique Sud, en Australie, à Fidji, à Hawaï ou en Papouasie-Nouvelle-Guinée, les autorités américaines tentent de revenir dans cette zone stratégique pour faire pièce aux avancées de la Chine – le plus récent succès de Pékin étant la signature, annoncée le 19 avril, d’un accord sécuritaire avec les îles Salomon, inédit dans la région, qui vise une coopération policière renforcée et autorise la création d’une base militaire chinoise dans l’archipel.
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Face à la Chine, qui utilise autant ses outils d’influence politique que la coercition économique pour conforter sa puissance sur ce qu’elle revendique comme sa « deuxième chaîne d’îles », « prenons garde de ne pas donner le sentiment que nous constituons une alliance occidentale », souligne M. Lechervy. Les Etats insulaires sont courtisés par le monde entier, de Cuba à la Turquie, du Japon aux Emirats arabes unis. Les forums de coopération régionaux sont très nombreux. Et la perception qu’ont les Océaniens des Européens, anciens colonisateurs, auteurs des essais nucléaires, reste mitigée, comme le rappelle Céline Pajon, coordinatrice du programme de recherche sur l’Océanie de l’Institut français des relations internationales (IFRI).
« Le fait que la Chine s’insère de plus en plus dans les contextes locaux, y compris par des accords sécuritaires, est un élément déstabilisateur, mais l’héritage historique demeure très prégnant et pour les insulaires, le concept d’Indo-Pacifique, ce sont les grandes puissances qui parlent entre elles », rappelle la chercheuse.
L’Océanie, d’une façon générale, reste mal à l’aise avec l’idée de devoir choisir son camp.
« Cela pose la question de savoir comment les Européens peuvent s’insérer dans cet espace. Prendre de front ces Etats insulaires au sujet de la menace posée par la Chine risque d’être contre-productif », estime Céline Pajon.
« Nous sommes les amis de tous, et les ennemis de personne », avait déclaré, le 10 mars, le président des Etats fédérés de Micronésie, David Panuelo, lors d’une conférence en ligne de l’IFRI et de la CPS.
Pour sa part, Manasseh Sogavare, le premier ministre des Salomon, dont l’opposition politique s’affirme anti-Pékin, a assuré mardi devant son Parlement qu’il ne voulait pas d’une base militaire chinoise. Tandis que sa police, à Guadalcanal, s’entraîne déjà avec son homologue chinoise, les chefs coutumiers de l’île de Malaita, en conflit avec le gouvernement central, ont pris la décision d’interdire tout investissement lié au Parti communiste chinois.
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