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La politique migratoire, talon d’Achille de l’Union Européenne

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interrogé par Marine Henriot pour

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Depuis le début de l’année, près de 4 000 demandeurs d’asile, en majorité des Irakiens, sont arrivés en Lituanie en passant par le Belarus. Une nouvelle illustration de l’instrumentalisation des personnes réfugiées et de l’utilisation de la non-coordination des Européens sur la politique migratoire communautaire par des pays voisins, analyse Matthieu Tardis, chercheur au Centre migrations et citoyenneté de l’Ifri.

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Depuis le début de l'année, la Lituanie, pays membre de l'Union européenne a enregistré plus de 4 000 demandeurs d’asiles, pour la plupart des Irakiens, contre 81 pour l'ensemble de 2020. Les autorités lituaniennes soupçonnent le Belarus et son homme fort, le président Alexandre Loukachenko, de pousser les migrants à franchir illégalement la frontière en guise de représailles aux sanctions imposées par l'UE, dans le cadre de la répression des manifestations contre le pouvoir bélarusse.

Ces arrivés sont certes plus importantes que celles des dernières années, mais «nous ne sommes pas non plus dans une situation comparable à celle de l’été et automne 2015», tempère Matthieu Tardis, chercheur au Centre migrations et citoyenneté de l’Ifri (Institut français des relations internationales). «Les ressortissants irakiens peuvent semble-t-il arriver de manière assez simple à Minsk en avion et ensuite ils sont amenés par des passeurs avec peut etre le soutien des autorités sur la frontière», explique le chercheur.

Pour faire face à ces arrivées, la Lituanie, qui compte 2,8 millions d’habitants, a demandé l’assistance de l’Union Européenne et peut compter sur l’intervention de Frontex (l’agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelles aux frontières extérieures). Cependant, l’appui européen est assez limité, éclaire Matthieu Tardis. Les États membres sont en charge de leurs frontières extérieures et eux seuls peuvent reconnaitre un droit d’asile dans leur pays.

Instrumentalisation de la manne migratoire

«C’est qui est en train de se passer entre la Lituanie et le Belarus est assez significatif: notre entourage a compris que le point faible des Européens était l’immigration», analyse le spécialiste de l’Ifri. Le fait d’avoir transféré à des pays tiers la gestion des flux migratoires, «car entre eux les pays européens n’arrivent pas à s’entendre», permet à ces pays comme la Turquie ou le Belarus d’ «utiliser la ‘’menace’’ migratoire comme outil de chantage pour obtenir des évolutions sur des autres dossiers».

En transférant la gestion des flux migratoires, l’Europe a transféré également une partie de sa souveraineté. «Elle se retrouve contrainte car elle ne sait pas traiter la question migratoire, et en a peur, de façon irrationnelle», estime Matthieu Tardis.

Écoutez l'entretien sur le site de Vatican News

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Matthieu TARDIS

Intitulé du poste

Ancien responsable du Centre migrations et citoyennetés de l'Ifri