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La transition énergétique en Allemagne : concilier décarbonation et compétitivité industrielle

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invitée de Anne Laure Chouin dans "

  Le journal de l'eco
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Le gouvernement allemand est confronté à un défi majeur : décarboner son industrie tout en préservant sa compétitivité, alors que le pays est la première puissance industrielle en Europe.

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Comment décarboner l’industrie allemande sans nuire à la compétitivité du pays première puissance industrielle européenne ? Voilà le casse-tête qui anime le gouvernement allemand encore plus depuis que la guerre en Ukraine a fait flamber les coûts de l’énergie en rappelant aux Allemands leur très forte dépendance au gaz, charbon, pétrole et nucléaire pour leur électricité.

Car si l’Allemagne fait partie des meilleurs élèves du renouvelable avec 55% de son électricité produite l’année dernière par le vent le soleil ou la biomasse, elle est aussi encore aujourd'hui le plus gros émetteur de CO2 d'Europe et doit donc multiplier ses efforts de décarbonnation pour atteindre un double objectif : 80% de production d'énergie renouvelable pour son électricité d'ici 2030 et neutralité carbone en 2045 soit 5 ans avant le reste de l'Union européenne.

Pour y parvenir, le gouvernement de la coalition Feu tricolore vient de mettre en place une nouvelle stratégie de politique étrangère pour le climat que les français traduisent par Diplomatie Climatique.

Il s’agit d’une politique de partenariats internationaux qui tente de faire coïncider les engagements climatiques de l’Allemagne avec ses intérêts économiques tout en lui assurant une influence internationale. C’est une idée des verts allemands qui dans la coalition actuelle au pouvoir détiennent les ministères des Affaires étrangères et de l’économie. Cette stratégie est à double sens et c’est ce qui est nouveau explique la politologue Jeanette SÜẞ, autrice d’une étude sur la diplomatie climatique de l'Allemagne pour l’IFRI, Institut français des relations internationales :

 

"L'idée, c'est vraiment de lier les affaires étrangères avec des sujets climatiques ou d'ordre énergétique et de tisser des liens avec des pays tiers. Ces partenariats énergétiques et climatiques visent à la fois de réduire les émissions de gaz à effet de serre dans les pays concernés et donc faire aussi un transfert de technologies, mais aussi d'avoir de nouvelles sources d'importation d'énergies propres pour l'Allemagne, parce que l'Allemagne dépend massivement de ces énergies pour arriver à sa neutralité carbone d'ici 2045. Tout l'enjeu en fait maintenant, c'est comment l'Allemagne ne perd pas en compétitivité tout en garantissant son économie."

Une dizaine de pays comme le Maroc, le Chili ont signé des déclarations d’intention pour cette collaboration avec l’Allemagne mais il y aussi le Canada, la Namibie ou l'Arabie Saoudite,  pays déjà partenaires du précédent gouvernement Merkel pour l’hydrogène vert.

 

L’hydrogène vert, pierre angulaire de l’économie climatique voulue par l'Allemagne

Il s’agit d’hydrogène produit non pas à partir d’énergie fossile ou de nucléaire mais à partir de ressources renouvelables, c'est-à-dire l’éolien, le solaire qui coûtent de moins en moins cher. Cet hydrogène permet de stocker et de transporter l’électricité et l’Allemagne en a besoin pour électrifier son industrie qui fonctionne à 45% à l'énergie fossile ou le secteur du chauffage 80% de fossiles ou encore les transports 93% d’énergie fossiles.

Le problème c’est qu’il faut le transporter cet hydrogène vert et c'est un des freins de cette diplomatie climatique que détaille Jeannette SÜẞ :

 

"C'est la grande question. Est-ce que pour pouvoir acheminer l'hydrogène, il faut le faire normalement par voie maritime ou par des pipelines ? Mais c'est très coûteux. Il s'agit de savoir à quel point il va y avoir transfert de technologie vis à vis des pays émergeants. C'est important que la population locale dans ces pays profite aussi de ces collaborations sur le plan énergétique. Donc l'idée c'est aussi justement d'augmenter l'électrification de ces pays. Sinon, le gouvernement pourrait se voir critiqué de poursuivre une approche post-colonialisme."

 

Autant de freins qui expliquent que pour l’instant ces partenariats économiques internationaux restent encore au stade de la déclaration d’intentions.

 

Mais alors, est-ce que les Allemands ont une stratégie pour répondre à ces obstacles ?

Oui, ils misent sur la coopération franco-allemande et sur l'Union européenne qu'ils aimeraient voir embrasser cette politique étrangère pour le climat. L'année dernière, le chancelier Olaf Scholz a donc créé un Club Climat, lancé officiellement lors de la COP 28. Il se veut une instance plus souple que les COP, avec l'idée d'externaliser le Pacte Vert européen, et pourquoi pas d'harmoniser la finance internationale sur les objectifs climatiques. De quoi faire passer l'Allemagne, premier responsable historique des émissions de CO2 européennes, pour un champion européen du climat.

 

> Ecouter le podcast sur le site de France Culture.

 

 

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Jeanette SÜẞ

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