L'AIE appelle à abandonner sans attendre toute quête d'hydrocarbures
L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a appelé mardi à arrêter sans attendre d'investir dans de nouvelles installations pétrolières ou gazières. Elle a publié une feuille de route pour décarboner le secteur de l'énergie d'ici 2050.
Il faut oublier dès "maintenant" tout nouveau projet d'exploration en matière d'hydrocarbures au-delà de ceux déjà engagés, dit l'Agence internationale de l'énergie (AIE) dont la Suisse fait partie. La baisse rapide de la demande, explique-t-elle, "signifie qu'aucune exploration n'est requise et aucun champ gazier et pétrolier nouveau n'est nécessaire au-delà de ceux déjà approuvés".
Pour le charbon, dont la consommation est repartie de plus belle après la pandémie, il faut déclarer la fin des décisions d'investissement de nouvelles centrales électriques dans le monde, estime l'AIE.
L'agence appelle parallèlement à miser massivement sur le solaire et l'éolien et à ne plus vendre de voitures thermiques neuves au-delà de 2035. C'est l'unique solution, estime-t-elle, pour tenter de garder le réchauffement climatique sous contrôle. Le chemin est "étroit" mais encore "praticable" et il promet "d'énormes bénéfices" en termes d'emploi, de croissance économique et de santé, plaide l'AIE.
Tourner la page plus vite que prévu
"L'AIE nous dit qu'il va falloir tourner la page sur le monde d'avant beaucoup plus vite que ce qui est prévu initialement", a analysé la chercheuse Carole Mathieu (Centre Energie & Climat de l'IFRI) mercredi dans La Matinale de la RTS. "Et comme son rapport a une certaine autorité, on peut penser que les conclusions vont peser ensuite et servir pour mettre chacun face à ses responsabilités".
Dans sa feuille de route publiée à six mois de la prochaine conférence COP26 de l'ONU, l'agence vise la neutralité carbone en milieu de siècle. "Il y a un fossé croissant entre la rhétorique (climatique) des gouvernements et des industriels, et la réalité", a souligné le directeur de l'AIE, Fatih Birol, relevant que cette feuille de route permettra à "chacun de comparer ce qui est fait et ce qui devrait l'être".
A l'arrivée, en 2050, l'agence voit 90% d'électricité d'origine renouvelable, le reste venant du nucléaire. Les ressources fossiles ne fourniraient plus qu'un cinquième de l'énergie (contre 4/5 aujourd'hui), pour des usages comme les plastiques.
A chaque pays de choisir la manière
Contacté par la RTS, l'Office fédéral de l'énergie estime que chaque pays doit décider comment il veut atteindre ses objectifs climatiques. Selon la Stratégie énergétique 2050 de la Suisse, la consommation d'énergie par personne doit baisser de 43% d'ici à 2035
> Écouter l'interview sur le site de RTS
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