Le moteur franco-allemand va-t-il se remettre en marche ?
Angela Merkel a été à ce point soulagée par la victoire d'Emmanuel Macron qu'elle pourrait se montrer plus souple que d'habitude vis-à-vis du mauvais élève économique français
ll a souvent des ratés, mais il repart toujours. Le moteur franco-allemand pourrait se remettre en marche depuis l'élection d'Emmanuel Macron.
- « Le moment n'a jamais été aussi favorable au couple franco-allemand depuis dix ou quinze ans. Pour la première fois, nous avons un président français qui ne rejette pas la faute sur l'Allemagne et sur l'Europe mais qui se dit prêt à assumer » les erreurs de la France, commente Barbara Kunz, chercheur à l'Ifri, à l'occasion d'une rencontre au European Council on Foreign Relations (ECFR).
L'ouverture vient aussi de Berlin, où Angela Merkel a été à ce point soulagée par la victoire d'Emmanuel Macron qu'elle pourrait se montrer plus souple que d'habitude vis-à-vis du mauvais élève économique français, pour éviter aux populistes de droite et de gauche de revenir plus forts encore en 2022.
- « Les Allemands ont compris qu'ils devaient bouger leurs lignes. Peut-être existe-t-il aussi une certaine lassitude à toujours assumer le leadership en Europe. L'Allemagne, en tout cas, n'a pas l'intention de dominer l'Europe », poursuit la spécialiste des relations franco-allemandes.
Pour prendre son véritable envol, la relation Pans-Berlin devra attendre que soient passées les élections législatives en Allemagne, le 24 septembre prochain, et que le nouveau président français ait fait ses preuves dans le domaine économique, l'une des priorités d'Angela Merkel, avec la relance du projet européen. Mais les autres sujets de politique internationale ne manqueront pas de s'imposer rapidement aux agendas des deux dirigeants. Si les chocs successifs de ces dernières années, qu'il s'agisse du terrorisme, de la crise grecque ou des migrants, ont creusé une certaine distance entre Paris et Berlin,les nouveaux défis de l'année 2016 - l'élection de Trump et le Brexit - sont au contraire de nature à les rapprocher.
La relation à la Russie, fondamentale pour l'Europe, devrait être marquée par la continuité. « L'analyse de la France et de l'Allemagne vis-à-vis de la Russie est beaucoup plus proche de celle de l'Europe centrale qu'elle ne l'était il y a dix ans », constate Nicu Popescu, analyste à l'Institut de sécurité de l'Union européenne, lors de la rencontre déjà évoquée au ECFR. Relativement conciliante au début de sa campagne électorale, la politique russe d'Emmanuel Macron a depuis été durcie, notamment après les attaques informatiques contre le mouvement En marche!.
Quant à l'Allemagne, elle a un temps été considérée comme le maillon faible du couple vis-à-vis de la Russie en raison de son attachement aux relations commerciales. « Mais avec les années, la voix des prorusses a fini par s'éteindre en Allemagne, où règne désormais un consensus », poursuit Barbara Kunz.
D'accord sur la Russie, les deux pays divergent en revanche sur le sens de la puissance. Même au cas où Emmanuel Macron réclame davantage d'équilibre, la France, membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU et puissance nucléaire, estime qu'elle assume ses responsabilités quand elle intervient militairement. L'Allemagne considère au contraire avec une très grande réticence les interventions extérieures. Angela Merkel a bien annoncé son intention de participer davantage à l'effort de défense européen. Mais sans franchir sa ligne rouge : la participation des soldats allemands à des opérations de combat.
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