Le retrait d'Afrique s'accélère pour les banques françaises
Les banques françaises ont réduit leur présence en Afrique ces cinq dernières années, tout comme les géants britanniques que sont Barclays et Standard Chartered. Le résultat d'une déception sur les performances économiques de leurs filiales, mais d'autres motifs entrent en compte.
A l'origine sporadique, le mouvement s'est accéléré : alors que Société Générale vient à son tour d'annoncer son retrait de plusieurs pays d'Afrique, ce jeudi, les grands noms de la finance européenne n'en finissent plus de réduire leur présence sur le continent. Un territoire pourtant longtemps vu avec optimisme par les banques.
« Il y a dix ou vingt ans, beaucoup de gens parlaient d'un marché émergent et encore vierge, alors qu'en Asie et en Amérique latine les places étaient déjà prises, témoigne Bernd Zattler, fondateur et ex-PDG d'Access Microfinance Holding, qui contrôle notamment six établissements de microcrédit en Afrique. A posteriori, ils réalisent que l'Afrique est restée un marché difficile et volatile ».
Déjà, BNP Paribas
Avant Société Générale, sa grande rivale BNP Paribas avait elle aussi sérieusement réduit son dispositif africain. Toujours présente en banque de détail au Maroc et en Algérie, elle a signé des accords de cession en 2022 pour ses participations au Sénégal et en Côte d'Ivoire. Entre 2019 et 2020, elle était parvenue à revendre ses 47 % dans sa banque gabonaise, et avait cédé le contrôle de son entité en Tunisie.
Autre géant français, Crédit Agricole a cédé une première tranche de 63,7 % fin 2022 dans Crédit du Maroc, et se délestera d'ici un an des 15 % qui lui restent. Fin 2018, le groupe BPCE s'était lui aussi désengagé, avec la vente de ses participations au Cameroun, à Madagascar, en République démocratique du Congo et en Tunisie.
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Compétition acharnée
Pour des acteurs bancaires eux-mêmes sous pression de rentabilité, l'Afrique a pu décevoir sur le plan économique.
« On a passé le stade « Afrique, continent d'avenir », qui a disparu face à la réalité économique. Récemment le Covid et la guerre en Ukraine ont encore ralenti la croissance en Afrique et n'ont fait que confirmer cette tendance », souligne Thierry Vircoulon, chercheur associé au centre Afrique de l'Institut français des relations internationales (Ifri).
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Risques de conformité
Les risques de conformité, plus difficiles à maîtriser à plusieurs milliers de kilomètres de distance, entrent aussi en compte, ne serait-ce qu'en raison de la pression croissante des superviseurs. BPCE en a fait l'expérience au Cameroun en 2016, avec la mise en cause de quatre ex-employés après des malversations présumées.
Plus largement, plusieurs pays de la région sont marqués par des guerres ou des économies très liées aux matières premières.
« En République démocratique du Congo, il existe une trentaine de banques dont seulement deux sont de vrais établissements… les autres sont bien souvent de simples boîtes aux lettres permettant de faire du blanchiment », prévient Thierry Vircoulon.
Article à lire en intégralité sur Les Echos.
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