L'emploi des réfugiés demeure «précaire» et «instable», selon une étude de l'Ifri
Les conditions de travail des réfugiés en France sont «précaires, instables et insatisfaisantes», marquées par un «déclassement professionnel», relève une note présentée vendredi par l'Institut français des relations internationales (Ifri).
Un an après l'obtention de leur titre de séjour, 42% des personnes réfugiées sont en emploi, dont plus d'un sur quatre en CDI, selon les premiers résultats de cette note réalisée par l'Observatoire de l'immigration et de l'asile du Centre migrations et citoyenneté de l'Ifri. A l'inverse, 22% sont au chômage, soit une «augmentation franche» comparé à leur situation dans le pays d'origine, 19% sont inactifs et 17% suivent des études.
«Les hommes surtout se maintiennent en emploi», a expliqué Frédéric Salin, chercheur en sociologie à l'EHESS, en présentant ces résultats lors d'une conférence co-organisée avec BNP Paribas. L'étude met également en lumière la perception de déclassement professionnel des réfugiés, qui nourrit «un sentiment de surqualification». De fait, trois quarts d'entre eux disent vivre en dessous du seuil de pauvreté.
Une concentration de l'emploi des réfugiés dans l'hôtellerie/commerce/restauration
Dans le détail, si l'on compare la situation professionnelle de ces personnes dans leur pays d'origine et en France, le groupe des ouvriers double (de 22% à 46%), celui des employés bondit de 18 à 42%, et le pourcentage de cadres et professions intellectuelles supérieures chute de 10 à 2%. Cette étude s'appuie sur des données de l'enquête ELIPA 2 pilotée par le ministère de l'Intérieur. Sa population de référence couvre des majeurs ayant obtenu un premier titre de séjour d'au moins un an en 2018, hors motif étudiant, dans dix départements français.
Elle a permis à l'Ifri de noter une concentration de l'emploi des réfugiés dans l'hôtellerie/commerce/restauration, dans le bâtiment et la construction. Le premier secteur emploie presque un réfugié interrogé sur deux (45%), le second 21%. En matière de recrutement, la mobilisation du secteur privé est «récente» et remonte généralement à la crise migratoire de 2015. Elle prend des «formes variables, souvent des partenariats avec des associations», a commenté Sophie Bilong, co-autrice de la note. «On a un engagement RSE (responsabilité sociétale des entreprises) mais pas forcément d'embauche directe», résume-t-elle.
«Les stéréotypes sont très forts, y compris dans une grande entreprise avec un engagement qui venait du groupe», a témoigné Alain Masson, directeur RSE de Sodexo, groupe membre du collectif «Refugees Are talents» aux côtés d'une dizaine d'autres grandes entreprises.
> Lire l'article sur le site du Figaro
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