Les sanctions européennes provoquent la colère de Pékin
Comme attendu, les ministres européens des Affaires étrangères ont formellement adopté des sanctions contre la Chine pour violations des droits de l’homme, ce lundi. Elles visent quatre personnalités et une entité chinoises, jugées responsables de la répression, des détentions massives et autres exactions commises par Pékin contre la population ouïghoure et d’autre minorités musulmanes dans la région autonome du Xinjiang.
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Sont ciblés des dirigeants passé ou actuels de la région du Xinjiang : Zhu Hailun, Wang Junzheng, Wang Mingshan, acteur-clé du vaste programme de surveillance, de détention et d’endoctrinement et enfin Chen Mingguo, directeur du bureau de sécurité publique du Xinjiang.
- “Les quatre personnes sanctionnées sont de hauts cadres du Parti communiste chinois de la région, et des responsables de l’appareil de sécurité au Xinjiang, donc la répression. Le grand absent sur cette liste est évidemment Chen Quango, le secrétaire du PCC dans la région du Xinjiang”, commente le chercheur de l’Institut français des relations internationales, Marc Julienne, spécialiste de la politique étrangère ainsi que de la politique de sécurité et de défense de la Chine.
- “On voit là les limites de l’UE. Les Vingt-sept ont certes trouvé un accord pour déclencher des sanctions, mais sans viser un trop haut niveau. Quango est sans doute déjà trop haut placé dans la hiérarchie du parti pour être visé et il est possible qu’il se voie confier des responsabilités encore plus haute lors du prochain congrès du PCC en 2022. Les Européens se sont peut-être dit qu’il ne fallait pas insulter l’avenir. Si on voulait toucher les responsables qui sont à l’origine des décisions dans la répression des Ouïghours, il aurait fallu sanctionne le secrétaire général du PCC et président de la Chine Xi Jinping, ce qui occasionnerait une rupture du dialogue”
Se pose dès lors la question de l’impact réel de ces sanctions.
“Elles sont principalement symboliques et l’UE n’obtiendra sans doute rien de précis ni de concret de la part de la Chine. Mais il y a déjà un impact politique du fait que les vingt-sept États membres de l’UE se sont mis d’accord pour reconnaître qu’il y a des violations graves des droits de l’homme au Xinjiang et pour sanctionner des personnes qui en sont jugées responsables (même si la Hongrie a critiqué a posteriori la décision à laquelle elle s’est ralliée, NdlR). C’est un signal très fort envoyé à la Chine. Surtout que ces sanctions européennes s’ajoutent à celles des États-Unis, du Canada, du Royaume-Uni et que l’Australie travaille également sur ce sujet. Il y a une masse critique qui exerce une pression sur la Chine”, pointe M. Julienne.
Les relations entre l’Union et la Chine se dégradent
Alors que l’Union a visé des exécutants, la riposte chinoise a, elle, ciblé, des élus et des chercheurs, que Pékin estime coupables d’avoir répandu des mensonges sur la situation au Xinjiang et d’avoir influencé les responsables politiques nationaux. Le chef de la diplomatie de l’UE, Josep Borrell, estime que les mesures de rétorsion chinoises ne répondent pas aux “inquiétudes légitimes” de l’UE. “Nous voulons que la Chine s’engage avec l’UE dans un dialogue sur les droits humains, et cesse d’être dans la confrontation”, insiste l’Espagnol.
Marc Julienne, lui, ne voit pas s’améliorer les relations entre l’UE et la Chine, qui se dégradent depuis un an et demi, même si les deux parties ont conclu fin décembre un accord sur les investissements. “C’est un événement ponctuel dans la séquence des relations UE-Chine qui sont plutôt à la dégradation et à un renforcement et un élargissement du consensus européen pour avoir une position plus ferme face à la Chine”, observe le chercheur français.
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